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Le groupe de metal Gojira, nominé aux Grammy Awards, presque inconnu en France


Le groupe Gojira en concert à Rio de Janeiro, en septambre 2015. (photo AFP)

Après deux décennies à arpenter la scène metal, les rockeurs français de Gojira ont récemment reçu une bonne surprise : l’industrie de la musique les trouve géniaux ! Et leur dernier album « Magma » est en course pour les Grammy Awards dimanche.

Le dernier opus de Gojira, le sixième du groupe, est notamment nommé dans la catégorie convoitée du meilleur album rock de l’année, une belle récompense pour ces artistes qui jouissent paradoxalement de davantage de reconnaissance à l’étranger qu’en France.

« On a commencé à jouer du trash et du death metal assez intense, des morceaux sur lesquels je hurle depuis 20 ans, donc je ne m’attendais pas à une quelconque récompense », rigole le guitariste et chanteur « Joe » Duplantier, 40 ans, âme du groupe avec son frère Mario, le batteur. « Je n’avais même jamais envisagé de pouvoir être nommé aux Grammys », les plus prestigieuses récompenses de la musique, confie-t-il encore.

Mais Gojira, qui veut dire « Godzilla » en japonais, a fait un petit pas vers une musique moins extrême avec « Magma », album plus accessible pour le grand public, moins saturé et davantage chanté.

Les Grammys ne sont d’ailleurs pas les seuls à avoir salué ce virage du groupe de rock né dans les Landes (sud-ouest de la France) en 1996: Metallica, une des influences les plus déterminantes de Gojira selon Joe Duplantier, leur a confié leur première partie.

Kirk Hammett, guitariste de Metallica, a d’ailleurs récemment confié à l’AFP que « Magma » était « incroyable », « le meilleur album que j’ai écouté depuis longtemps ».

Fibre écolo

Si certains groupes de metal chantent sur des pays imaginaires, les paroles de Gojira sont ancrées dans un monde bien réel, avec une solide fibre écolo.

Sur le titre « Silvera », nommé aux Grammys dans la catégorie de la meilleure performance metal, Joe Duplantier s’en prend à l’élevage intensif, lançant par exemple qu’il est « temps d’ouvrir les yeux sur ce génocide ».

Le chanteur est végétarien et estime également qu’il y a beaucoup trop d’habitants sur la planète: « J’en fais aussi partie, je suis aussi un parasite sur cette planète. J’essaie de réduire mon impact mais ça semble n’être qu’une goutte dans l’océan », regrette-t-il.

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Il se réjouit à l’idée que sa musique puisse « faire bouger les gens, dans le bon sens du terme »: « J’adore créer des chansons, j’adore la scène, mais je ne voudrais pas chanter juste quelque chose qui n’a pas de sens ».

« Les gens vivent sans trop réfléchir. Ils vont acheter de la viande au magasin sans penser à comment elle a été produite, comment l’animal a été tué, combien d’eau il a fallu utiliser pour tout ça, et ils ne réfléchissent pas aux effets que cela peut avoir sur eux », reprend Joe Duplantier.

« Super surpris »

Il estime que les gens passent trop de temps à penser aux hommes politiques, à se demander: « Qu’est-ce qu’ils peuvent faire pour moi ? » « Je ne crois plus en la politique. Je crois en la révolution, mais la révolution doit venir de chaque individu, de l’intérieur ».

La conscience écolo du rockeur lui est venue quand il était enfant. Il a grandi à Bayonne, sur la côte atlantique, et un événement l’a marqué, quand son frère Mario a un jour souffert d’une infection de l’oreille après avoir nagé dans des eaux polluées.

Jeune homme, il s’était aussi illustré en ramassant les ordures sur une plage et en les éparpillant sur un parking, attirant l’attention des médias locaux. « J’ai trouvé ça tellement bizarre: les gens ne sont pas gênés par ce qu’il y a sur la plage, mais quand c’est sur un parking, ça devient un problème », se rappelle-t-il.

La mère des Duplantier était américaine et les deux frères, qui possèdent la double nationalité, sont aujourd’hui installés à New York où ils disposent d’un studio d’enregistrement. Joe Duplantier, parfaitement bilingue, chante en anglais, mais c’est plus un choix pratique qu’artistique. « Si l’espagnol était le langage le plus courant dans le monde, je chanterais probablement en espagnol », dit-il.

La reconnaissance des Grammys n’affectera en tout cas pas Gojira, même si le groupe risque de perdre des fans s’il continue dans une direction plus traditionnelle.

« On est super contents et surpris, mais ce n’est pas comme si Dieu nous disait: +Vous êtes bons, et pas les autres+ », note-t-il. « C’est les Grammys ».

Le Quotidien / AFP