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Les Suisses disent oui à la naturalisation des petits-enfants d’immigrés


Plus de 60,4% des Suisses ont soutenu la proposition du gouvernement. (photo AFP)

Les Suisses ont approuvé dimanche par référendum, à une large majorité, la simplification de la procédure de naturalisation des petits-enfants d’immigrés, malgré une campagne marquée par les propos antimusulmans de la droite populiste, selon les résultats définitifs.

Plus de 60,4% des Suisses ont soutenu la proposition du gouvernement. Pour être accepté, cet arrêté fédéral devait aussi recueillir la majorité des 26 cantons composant la Suisse. Seuls sept cantons alémaniques ont dit « non ».

Presque tous les partis avaient apporté leur soutien au gouvernement. Seule l’Union démocratique du centre (UDC, parti disposant du plus grand nombre de députés à la Chambre basse) avait brandi le spectre de l’immigration musulmane, à coups d’affiches provocatrices.

Le député UDC Jean-Luc Addor, également coprésident du comité contre la naturalisation facilitée, a reconnu dimanche sa défaite sur le plateau de la RTS. « On était seul contre tous », a-t-il déclaré, soulignant toutefois: « La problématique de l’islam, j’ai bien peur qu’elle nous rattrape d’ici quelques années ».

Ce comité a été vivement critiqué après avoir collé devant les gares et les endroits fréquentés des villes une affiche montrant une femme vêtue du niqab (voile intégral qui ne laisse voir que les yeux) avec ce slogan: « Naturalisations incontrôlées? NON ».

« Le propos de cette campagne c’était d’affirmer l’identité de ce pays et la nécessité de la préserver », s’est défendu dimanche M. Addor. Pour beaucoup, cette campagne d’affichage était hors sujet.

Dimanche, la députée des Verts, Lisa Mazzone, a estimé que cette campagne d’affichage était « complètement dans le délire ».

Le projet du gouvernement vise seulement à accélérer la procédure d’attribution de la nationalité suisse aux petits-enfants d’immigrés. Il exclut toute acquisition automatique de la nationalité.

Au cours des dix prochaines années, quelque 2.300 jeunes de la « 3e génération » pourront bénéficier chaque année de la « naturalisation facilitée », une procédure plus rapide et moins coûteuse, selon le gouvernement. Actuellement, quelque 25.000 petits-enfants d’immigrés, en majorité originaires d’Italie, mais aussi de Turquie et des Balkans, remplissent les critères.

Pendant la campagne, l’UDC avait fait valoir que, dans 30 ans, la majorité des petits-enfants d’immigrés ne seront plus des Italiens ou des Espagnols mais seront issus de familles musulmanes, ce qui pose, à leurs yeux, un problème d’intégration.

74% de « oui » à Genève

En 2004, les Suisses avaient refusé la naturalisation automatique à la naissance pour la troisième génération et la naturalisation facilitée pour la deuxième génération.

Les derniers sondages publiés début février avaient indiqué que le « oui » l’emporterait cette fois.

Les Neuchâtelois ont été les plus convaincus avec 75,1% de « oui » devant les Genevois (74%) et les Vaudois (72,8%). Suivent les Jurassiens (72,8%), les Fribourgeois (65,7%), les Zurichois (63,2%) et les Bernois (61,9%). Encore opposé à des facilités aux descendants d’immigrés en 2004, le Valais a rejoint le reste de la Suisse romande avec 60,9% de soutien.

Pour être candidat à la procédure de « naturalisation facilitée », un petit-enfant d’immigré devra être né en Suisse, y avoir fréquenté l’école pendant au moins cinq ans et être âgé de 25 ans au maximum. L’un de ses deux parents devra en outre avoir vécu 10 ans en Suisse et y avoir fréquenté l’école pendant au moins cinq ans. Enfin, l’un de ses grands-parents devra avoir eu un permis de séjour en Suisse ou y être né.

La limite de candidature fixée à 25 ans coïncide avec l’âge au-delà duquel un Suisse échappe au service militaire obligatoire.

Les conditions pour obtenir la nationalité suisse restent elles inchangées: le candidat doit maîtriser une des quatre langues nationales (allemand, italien, français et romanche) et respecter les lois et les valeurs fondamentales de la Constitution.

En outre, ceux qui perçoivent l’aide sociale ne pourront pas être naturalisés.

Le Quotidien / AFP