Les approximations de la procédure n’ont pas fait douter le tribunal. Marc Bertoldi a été condamné, mardi, pour l’enlèvement de Stéphanie Turci, en juin 2014 à Mexy. Trois autres personnes ont écopé de prison ferme.
La pancarte est désormais collée sur son front. Marc Bertoldi, est coupable de l’enlèvement de Stéphanie Turci, le 29 juin 2014 à Mexy, dans le but de rançonner son richissime ami Gérard Lopez. Le Messin a été condamné hier soir par le tribunal correctionnel de Nancy à huit ans de prison ferme. Le procureur en avait demandé deux de moins. Trois autres prévenus ont été condamnés à des peines allant d’un à quatre ans de prison. Le grand Marco s’est affaissé à l’énoncé de la décision. Le coup apparaît rude pour le quadragénaire, qui se drape depuis deux ans dans le rôle du sauveur. Celui qui avait su résoudre l’affaire après deux, trois coups de fil, grâce à son réseau. Gérard Lopez lui avait offert 300 000 € en remerciement.
Le coup est rude, aussi, parce que les deux jours d’audience laissent planer le sentiment d’un grand foutraque où ont été balancés tous ceux à l’encontre desquels un début d’élément à charge a été trouvé. Un jeune homme a été photographié avec un autre avec des billets de 500 € ? Sur le banc des prévenus. Un autre apparaît par miracle, donné par son meilleur ami sans que l’on sache pourquoi ni comment ? Sur le banc des prévenus. Que ces deux personnes aient été relaxées hier raconte beaucoup de choses sur l’état de ce dossier « dans lequel rien n’est clair », ont critiqué en chœur les avocats des prévenus.
«On a arrêté de chercher»
« Enfin, on connaît bien ces techniques du mensonge ou de l’amnésie. C’est classique et ça ne trompe personne », a rétorqué à distance Me Cédric Labrousse, avocat d’une victime « profondément marquée par les faits ».
« Mais je n’y suis pour rien », a répété Marc Bertoldi, figure du grand banditisme. « Et ce qui est gênant, c’est que, dès que Marc Bertoldi est apparu, on a arrêté de chercher, s’est plaint son avocat, Me Olivier Rondu. Alors que mon client donne tout de suite le nom de l’ancien compagnon de Stéphanie Turci, que d’autres témoins pensent à lui, que Gérard Lopez est persuadé qu’il est le commanditaire, on s’est contenté d’une audition d’une page. Pourquoi ? »
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Et puis, tout au bout de sa plaidoirie, le pénaliste a sorti une pièce passée inaperçue. « Cet élément signe la mise à mort de la procédure, j’en suis sûr », ose-t-il. Il s’agit d’une discussion datant du 2 juillet, un jour avant la libération de la victime. L’un des deux interlocuteurs est justement l’ancien concubin de Stéphanie Turci. L’autre évoque une Renault Mégane. Il s’agit du véhicule utilisé lors de la libération. « Comment est-ce possible ? Comment ont-ils pu parler entre eux d’une Renault Mégane alors qu’elle n’a pas encore été utilisée dans l’affaire ? » L’assistance est étourdie.
L’avocat demande un supplément d’information, rejoint par d’autres qui espèrent que « la lumière soit faite. Enfin. » « Si la justice fonctionne, vous devez choisir cette issue », enjoint Me Rondu. Quelques heures plus part, son client repartait vers sa cellule…
Kevin Grethen (Le Républicain Lorrain)