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Voile intégral : Nicolas Schmit tacle les « jeunes naïfs »


«Aux "jeunes naïfs" : la démocratie moderne laïque promeut transparence et égalité des sexes, la burqa symbole du wahhabisme en estla négation», a écrit jeudi matin sur Twitter le ministre Nicolas Schmit. (photo Hervé Montaigu)

Le ministre socialiste du Travail, Nicolas Schmit, en remet une couche. Jeudi, il a qualifié les opposants à une loi antiburqa de «jeunes naïfs» qui ne voient pas le danger du wahhabisme.

Aux « jeunes naïfs » : la démocratie moderne laïque promeut transparence et égalité des sexes, la burqa symbole du wahhabisme en est la négation.» C’est un petit tweet de Nicolas Schmit jeudi matin au saut du lit qui n’est pas vraiment bien passé pour ceux qui se sont sentis visés. Parmi eux, les jeunes écolos (jonk gréng) qui la veille au soir avaient publié un communiqué dans lequel ils dénonçaient «une xénophobie et un racisme latents» qui seraient en train d’être institutionnalisés.

Les jeunes écolos ne réagissaient pas seulement aux propos tenus par le ministre du Travail et à ceux de la ministre de la Famille, Corinne Cahen, à propos du tri des demandeurs de protection internationale qui devrait se faire en dehors de l’Europe, dans les pays d’origine pour éviter des traversées dramatiques.

Les deux ministres plaident parallèlement pour des voies légales de l’immigration, mais le fait que leur discours ait changé sur ce très sensible sujet a fait dresser les poils des plus fervents défenseurs d’une Europe ouverte.

Non seulement elle compte bétonner davantage ses frontières, mais encore de plus en plus d’États membres, dans un climat de défiance à l’égard de l’islam, interdisent le port du voile intégral. Pour les jonk gréng, ces comportements relèvent purement et simplement du populisme. Ironie du sort, c’est précisément un ministre écolo, celui de la Justice, Félix Braz, qui doit se pencher sur cette question et élaborer un texte de loi que réclament depuis longtemps le CSV et l’ADR… et Nicolas Schmit qui avait déjà livré sa position sur le sujet en avril dernier. Le DP indiquait pour sa part «préférer voir les gens dans les yeux», comme le rappelle Eugène Berger.

77% contre le voile intégral

Refusant jusqu’à présent de légiférer, le gouvernement change son fusil d’épaule et la toile s’enflamme. L’interdiction ou non du port de la burqa est de loin le sujet qui fait le plus réagir les internautes et l’homme de la rue parce que le sujet est débattu chez le coiffeur et le long des zincs.

Fin mai 2016, un sondage Politmonitor démontrait qu’une grande majorité, 77% des Luxembourgeois, pensait que la burqa n’était pas compatible avec les valeurs luxembourgeoises, qu’elle dégraderait la dignité et le principe d’égalité des femmes. Pour leur part, les résidents étrangers exprimant un refus du port du voile au Luxembourg s’élevaient à 82%. De plus, 74% d’entre eux estimaient comme prioritaire une loi contre le port du voile, et seulement 6% se contentaient d’un règlement grand-ducal sur la question.

Dans ce même sondage, 43% des personnes interrogées considéraient que le pays pouvait encore accueillir des réfugiés et les résidents luxembourgeois se montraient plus ouverts que les résidents étrangers dont 18% considéraient que le Luxembourg avait déjà accueilli trop de réfugiés. Sur la totalité de la population, un peu moins de 60% des sondés estimaient que le Luxembourg en faisait assez pour aider les réfugiés.

Le port du voile intégral est une question à part. La Cour européenne des droits de l’homme avait mis en garde la France en 2014 en dénonçant un risque de stigmatisation. Si Nicolas Schmit n’associe pas l’islam au jihadisme, il associe en revanche la burqa au wahhabisme, un mouvement politico-religieux radical de l’islam.

Les jeunes écolos le savent aussi. Mais ce qu’ils craignent, c’est que ces quelques femmes concernées au Luxembourg (une vingtaine à tout casser) ne sortent plus de chez elles. «Et qu’est-ce qu’on aura gagner ?», interroge Manuel Huss (déi gréng).

Geneviève Montaigu