Le titre pour le F91, l’Europe pour Jeunesse… Une défaite pourrait torpiller la presque définitivement les ambitions de l’un des deux clubs. Bref, victoire impérative !
Karapetian et Laurienté (qui encadrent ici le Mondorfois Marques) n’ont pas envie de ralentir leur rythme de croisière à la frontière. (Photo : Luis Mangorrinha)
Qui nous dit que dans l’intimité, les entraîneurs de Division nationale ne font pas l’inverse de ce qu’ils disent ? Qu’en fait, leur manie de jurer qu’ils détestent sortir la calculette pour évaluer l’ampleur des pertes en cas de défaite, n’est qu’une manière logique de protéger leurs joueurs de l’enjeu majeur d’une rencontre ? Et Jeunesse – F91, à dix journées de la fin, est déjà vital. Personne ne le dit mais tout le monde le pense.
Parce qu’une défaite de la Jeunesse combinée à des succès du Progrès à Mondorf et de Differdange contre Käerjeng, la mettrait à huit points de la 4e place parfois qualificative pour l’Europe et carrément à neuf du podium. Parce qu’une défaite du F91 à la Frontière combinée à une victoire pas inenvisageable du Fola chez la lanterne rouge wiltzoise, dimanche, expédierait le champion en titre à neuf longueurs de la 1re place.
> Les ailiers de la Jeunesse pour tout changer ?
Malgré son exceptionnel début d’année 2015, Dudelange marche donc tout autant sur un fil que la Vieille Dame. Au petit jeu des «si», chacune des deux équipes a le profil pour être perdante : leurs adversaires les plus directs devraient théoriquement faire le plein de points ce week-end. De part et d’autre, il y a un gouffre et pas la moindre marge d’erreur : chuter ce soir serait presque éliminatoire.
Les deux monstres n’abordent pas ce choc dans les mêmes conditions. L’un, Dudelange, est euphorique. L’autre, la Jeunesse, aurait pu l’être s’il n’avait pas (encore) rechuté, contre Grevenmacher. L’un est torpillé par les absences dans le secteur défensif (Schnell et Pedro suspendus, Ney blessé). L’autre n’aura qu’une absence à gérer, celle de son bad boy de service, Adrien Portier, qui est une assurance tous risques dès lors que la pente s’élève et glisse vers le combat physique.
Difficile de savoir, dans ces conditions, vers où penche les pronostics ? On n’ira pas jusque-là : le F91 maîtrise tellement bien son sujet en ce début d’année, qu’on ne reconnaît plus l’équipe anémique de 2014. Tout le monde veut y lire le coup de poker de la révolution tactique et du passage en 3-5-2 (qui se retrouvera confronté à une véritable grosse opposition dans les couloirs avec Corral, Mélisse, Tonini) mais Sébastien Grandjean est beaucoup plus humble dans l’analyse : « À l’entraînement, il y a des sourires. Ça change des regards en chien de fusil des premiers mois de la saison, pour savoir qui allait prendre la place de l’autre. C’est ça le vrai changement au F91, plus que la tactique… » Cette thérapie par le sourire survivrait-elle à un dérapage en match avancé, ce soir? S’il peut s’éviter d’avoir à répondre à la question, Dudelange préférerait.
De notre journaliste Julien Mollereau