Depuis septembre, Yuriko Backes se trouve à la tête de la représentation de la Commission européenne au Luxembourg. Forte de son expérience sur le parquet diplomatique, cette Européenne convaincue croit dur comme fer à l’avenir de l’UE. Et ce n’est pas uniquement son poste actuel qui l’amène à l’affirmer.
Depuis quelques mois, vous vous trouvez à la tête de la représentation de la Commission européenne au Luxembourg. Cette institution est peu connue du grand public. Pouvez-vous nous expliquer en quelques mots en quoi consistent sa mission et son rôle ?
Yuriko Backes : On fonctionne avec une équipe qui sera bientôt composée de douze personnes. On compte de nombreuses nationalités, ce qui fait que l’équipe est aussi internationale que la Commission européenne à Bruxelles. Le rôle d’une représentation est comparable à celui d’une ambassade. Mais je représente une institution et non pas un pays au Luxembourg. Ma fonction est d’expliquer les positions de la Commission sur certains dossiers et d’encourager le débat nécessaire sur l’Europe, qui a parfois tendance à déraper.
Quelles sont vos priorités ?
Le plus important est de fournir les bonnes informations aux gens, qui se basent souvent sur des informations aléatoires ou incomplètes, qu’ils ont entendues quelque part ou qu’ils ont trouvées sur les réseaux sociaux. Mon rôle est donc de mener ce dialogue avec le citoyen, mais aussi avec le gouvernement, le Parlement et bon nombre d’autres institutions et acteurs de la société civile.
L’information de la Commission sur ce qui se passe au Luxembourg sur le plan politique, social et économique constitue un autre volet de mon travail. Ce sont des éléments qui sont pris en compte par la Commission dans la formulation de ses propositions politiques. Je m’engage à expliquer au mieux quels sont les intérêts du Grand-Duché, même si on se retrouve dans une situation un peu spéciale avec un Luxembourgeois qui préside la Commission européenne et qui connaît bien mieux le pays que moi. Mais il reste important de garder aussi informés tous les autres commissaires et directions générales. C’est d’ailleurs une de mes priorités d’amener les commissaires à venir en visite au Grand-Duché. Cela est important vis-à-vis du citoyen de mener ce dialogue et de les informer.
Sur le plan du dialogue avec le citoyen, on constate cependant qu’il devient de plus en plus compliqué d’entrer en contact avec les gens. Un de vos concepts est le « dialogue citoyen », que vous allez prochainement aborder avec le bras droit de la vice-présidente Federica Mogherini. S’agit-il du bon moyen pour rapprocher à nouveau le citoyen de la politique européenne ?
Il s’agit d’un moyen parmi tant d’autres. Le plus important, c’est d’encourager le dialogue. L’objectif est que le citoyen vienne s’informer, donne son avis sur les initiatives prises par la Commission. Cela doit fonctionner dans les deux sens. On veut informer, mais aussi avoir un retour de la part des gens, connaître leurs craintes, savoir quelles sont leurs attentes. On s’attend à des critiques constructives. Tout critiquer aveuglément, c’est devenu un peu une discipline à part. Mais ce qui importe est d’obtenir aussi des impulsions positives de la part des citoyens.
Malgré tous ces efforts, il est indéniable que l’Union européenne est en crise. La confiance en cette institution est en perdition, aussi parmi la jeune génération. Comment jugez-vous cette situation ?
On a déjà vécu de nombreuses crises. Quelque part, on a toujours été confronté à des crises. Ces crises ont toujours permis à l’UE d’en sortir renforcée. Mais je dois vous dire que je n’apprécie pas du tout le terme de crise. Je préfère parler de défis, qui sont certes compliqués, lourds et complexes, mais débarrassons-nous de ce discours de crise permanente.
Pour ce qui est des jeunes, c’est une de mes priorités de les rapprocher à nouveau de l’UE. L’Europe a besoin des jeunes, mais les jeunes ont encore beaucoup plus besoin de l’Europe. Ils représentent l’avenir. Dans ce contexte, il ne faut pas perdre des yeux le chômage des jeunes, qui est un énorme problème, y compris au Luxembourg, même si la situation est moins grave que dans d’autres pays européens. La Commission peut proposer de nombreuses initiatives pour lutter contre ce phénomène, mais bien entendu il incombe aux États membres de les suivre ou transposer au niveau national.
Entretien avec David Marques
A lire en intégralité dans Le Quotidien papier de ce lundi 23 janvier