Les premiers vœux de la région Grand Est organisés samedi à Metz ont pris une tournure inattendue : Philippe Richert a annoncé qu’il ne sera plus candidat à aucune élection. Il évoque notamment sa santé et son âge.
La salle comble de l’Arsenal à Metz s’est levée samedi comme un seul homme pour une longue standing-ovation. Un hommage appuyé a été rendu à Philippe Richert (LR), président de la région Grand Est, qui a quitté son pupitre en larmes. L’émotion s’invite pourtant rarement aux cérémonies de vœux, exercice obligé, répétitif et convenu.
Mais, cette fois, le scénario a été différent. Au terme d’un discours de 75 minutes qui concluait la première cérémonie du genre pour la nouvelle région, Philippe Richert a déclaré qu’il ne serait plus « candidat à aucun mandat ». La présidence qu’il occupe aujourd’hui et jusqu’en 2021 mettra fin à une vie d’élu qu’il mène sans discontinuer depuis 35 ans. Sa décision, même si elle n’est pas à effet immédiat, surprend.
La rumeur d’une « annonce importante » bruissait depuis la veille. Les proches étaient dans la confidence. Les autres, constituant l’immense majorité des 900 personnes présentes dans les gradins de la grande salle de concert, l’ignoraient.
Une année exigeante
Philippe Richert, 64 ans, a invoqué son âge, le besoin de « s’occuper un peu plus de (sa) santé », mais aussi « le temps venu de rendre à cette République qui (lui) a tant donné ». Il a reconnu avoir vécu une année « intellectuellement et physiquement très exigeante ». L’ancien professeur de sciences naturelles envisage de revenir « à ses premières amours » en l’occurrence la défense « de la nature et du patrimoine » et s’engager « sur les grandes questions de société ».
D’emblée, le ton de son intervention a interpellé. Au terme d’une première année d’existence de Grand Est, bâti sur « un acte de naissance écrit dans un climat d’impréparation et d’interrogations », la tonalité attendue était celle de la gravité. Ce ne fut pas le cas. Philippe Richert a décrit le chemin parcouru avec clarté, énergie et humour. « Je vous l’accorde, le nom Grand Est ne fait pas rêver. On a cherché quelque chose de plus sexy… Mais on n’a pas trouvé », plaisante-t-il.
Sur le fond, il dépeint « un territoire qui s’est mis en route » et où « les réseaux de femmes et d’hommes se construisent peu à peu ». « Les Alsaciens ne sont pas moins Alsaciens que l’an dernier. Idem pour les Lorrains, les Champenois et les Ardennais… », répond l’élu aux craintes identitaires, peurs récurrentes. Le « mythe de l’éloignement » lui a permis d’épingler son prédécesseur.
« En Lorraine, on me dit parfois que je suis plus présent que l’ancien président », lance-t-il. La salle apprécie. Il a affirmé pour 2017 vouloir s’attaquer « aux dossiers Madine, Chambley et Lorraine Airport » où il faudra clarifier « la part du privé et du public ». La gestion Masseret est directement visée. Ce fut la seule entorse au ton consensuel et rassembleur de l’intervention d’un président qui a d’ores et déjà annoncé sa sortie prochaine.