Le procès-verbal de l’Inspection du travail sur Lorraine Airport est tombé. Le constat, détaillé dans un document que nous nous sommes procuré, est accablant pour la directrice. La Région Grand-Est réfléchit à un changement de gouvernance.
Le document est sans appel. Il ne laisse guère de place au doute sur ce que vivent ou ont vécu plusieurs salariés de Lorraine Airport. Lancés dans une procédure pénale pour harcèlement contre Françoise Herment, la directrice de cet établissement public, certains avaient parlé « de calvaire » en octobre, dans nos colonnes. L’enquête de l’Inspection du travail corrobore leurs témoignages.
Dans un courrier que nos confrères du Républicain Lorrain se sont procuré, daté du 10 janvier et adressé à Françoise Herment, l’Inspection dresse le constat suivant : « Vous avez fait subir à des salariés, au cours de la période allant du 1er mai 2012 au mois d’octobre 2016, des agissements répétés, tels qu’une hausse des tâches et des objectifs, des injonctions paradoxales ou confuses, un dénigrement du travail, des propos désobligeants, dévalorisants ou humiliants, tenus publiquement ou non, des reproches injustifiés, des comportements vexatoires ou humiliants, des menaces et pressions, des propos ou actes (plaisanteries douteuses) à caractère discriminatoire, une surveillance des correspondances électroniques, un isolement et une placardisation ainsi qu’une modification unilatérale des fonctions. »
La liste en dit long sur les méthodes managériales de cette proche de Jean-Pierre Masseret, qui l’a nommée à ce poste en 2012 alors qu’elle dirigeait auparavant le service communication de la Région Lorraine.
« Ces agissements ont contribué à la dégradation des conditions de travail des salariés, qui a porté atteinte à leur santé tant physique que mentale et compromis leur avenir professionnel », estime l’Inspection du travail. Ces faits étant susceptibles de constituer une infraction pénale, le procès-verbal sera transmis au procureur de la République de Metz.
Contactée, Françoise Herment réagit par la voix de son avocat Me Guy Reiss : « Je ne vais pas dire qu’on se trouve face à une cabale mais les conditions dans lesquelles certaines plaintes pour harcèlement ont été déposées m’interpellent. Il faut savoir faire la distinction entre les ordres provenant de la hiérarchie et du harcèlement. Que ma cliente ait un type de management dur, j’en conviens. Pour le reste, je ne peux faire aucun commentaire sur un rapport que je n’ai pas vu. »
« Evolutions en 2017 »
Le courrier a aussi provoqué un certain émoi au siège de la Région Grand Est à Strasbourg. propriétaire de l’aéroport. Philippe Richert en est le président.
« Il avait récemment laissé entendre que des évolutions dans la gouvernance seraient envisagées en 2017. Elles doivent avoir lieu dans le respect des personnes concernées, la légalité et la bonne gestion de l’aéroport », réagit Christophe Kieffer, son directeur de cabinet.