En visite au Luxembourg et en Belgique, la chancelière allemande Angela Merkel a appelé jeudi l’Union européenne à rester unie dans la perspective des négociations de divorce avec le Royaume-Uni, et souhaité que l’UE prenne « davantage de responsabilités dans le monde », face aux incertitudes concernant l’évolution de la relation avec Washington.
Dans un discours à Bruxelles, à l’occasion d’une remise de diplôme honorifique de deux universités belges, Mme Merkel a évoqué à mi-mots les supposés penchants isolationnistes du futur président américain, sans citer Donald Trump. « Ne nous berçons pas d’illusions: de la part de certains de nos partenaires traditionnels, je pense ici aussi aux relations transatlantiques, il n’y a pas de garantie éternelle d’une étroite collaboration avec nous les Européens », a déclaré la chancelière allemande.
« Par conséquent, je suis convaincue que l’Europe et l’Union européenne doivent apprendre à l’avenir à prendre davantage de responsabilités dans le monde », a-t-elle ajouté en présence du Premier ministre belge Charles Michel. Cela passe notamment, a précisé la chancelière allemande, par le fait de dépenser « plus d’argent » en matière de défense, alors que les Etats-Unis reprochent régulièrement à leurs alliés européens dans l’Otan de ne pas respecter les 2% du PIB alloués à ce secteur, exigence de l’Alliance atlantique.
Plus tôt dans la journée, Mme Merkel s’était rendue dans un autre des six pays fondateurs de l’UE, au Luxembourg, où elle a appelé l’Union à rester unie sur le sujet du Brexit. « Nous sommes absolument d’accord sur le fait que nous ne pouvons pas nous diviser », a dit Mme Merkel lors d’une conférence de presse à l’issue d’une rencontre avec le Premier ministre Xavier Bettel. « Les 27 doivent agir ensemble dans les négociations, mais nous devons d’abord attendre de savoir comment la Grande-Bretagne envisage sa sortie », a-t-elle poursuivi.
« Efforts » du Luxembourg
La Première ministre britannique Theresa May a promis d’activer d’ici à la fin mars l’article 50 du traité de Lisbonne, signifiant le début des négociations du divorce. Les 27 autres pays de l’Union refusent de laisser aux Britanniques le choix d’un Brexit « à la carte » et se veulent fermes sur le futur accès au marché unique, s’opposant à ce que Londres puisse en bénéficier s’il ne respecte pas le principe de libre circulation des personnes.
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Jeudi à Luxembourg, Mme Merkel a également salué les « efforts considérables » de M. Bettel en matière de transparence fiscale, se réjouissant de voir l’économie du Grand-Duché « continuer de prospérer » malgré les changements.
Le Luxembourg a notamment mis en place depuis le 1er janvier de nouvelles règles visant à éviter certains des montages fiscaux abusifs des multinationales que le scandale des « LuxLeaks » avait mis en lumière, un texte échafaudé avec l’aide de la Commission européenne.
Des documents publiés en 2014 par un consortium international de journalistes avaient entre autres révélé comment certaines sociétés basées au Luxembourg arrivaient à réduire artificiellement le montant de leur impôt avec la bénédiction du gouvernement.
Jeudi soir, la chancelière a conclu sa journée par une courte visite de la Grand-Place de Bruxelles en compagnie de Charles Michel, avant de se rendre jusqu’à une célèbre taverne de la galerie de la Reine, autre lieu emblématique de la ville, pour y dîner.
Le Quotidien / AFP