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Accueil de réfugiés au Luxembourg : « Nous sommes à saturation »


Corinne Cahen a tenu à répondre après les propos tenus par Marc Ruppert (photo: AFP)

Un peu plus d’un an après le début de la crise des migrants, la ministre de la Famille et de l’Intégration, Corinne Cahen, et le directeur de l’OLAI, Yves Piron, font le point sur la situation.

Au cours de l’été 2015, le gouvernement a réagi à la crise des migrants en mettant en place de nouveaux foyers d’accueil. Aujourd’hui, le pays a 4000places, qui sont occupées à près de 85%. Si certaines structures vont fermer, d’autres vont ouvrir. Le point sur la situation.

Le hall  6 de Luxexpo pour les primo-arrivants, la Logopédie, l’ancienne maternité Grande-Duchesse-Charlotte… Depuis septembre 2015, le gouvernement a ouvert plusieurs foyers d’accueil pour faire face à la crise des migrants. Aujourd’hui, le pays compte quelque 4  000  places destinées aux demandeurs de protection internationale (DPI). « Aujourd’hui, on est plein, plein… , indique la ministre de la Famille et de l’Intégration, Corinne Cahen. Nous sommes arrivés à une certaine saturation. » Le directeur de l’OLAI (l’Office luxembourgeois de l’accueil et de l’intégration), Yves Piron, précise  : « Le taux d’occupation est de 85  %, pour nous, c’est une certaine saturation. »

Et si à l’automne 2015, les arrivants étaient surtout des Syriens, des Irakiens ou encore des Afghans, aujourd’hui « la population a changé », indique Corinne Cahen. « Les routes depuis la Turquie ont été fermées, donc c’est beaucoup plus difficile pour les DPI de venir en Europe , poursuit-elle. Actuellement, ceux qui arrivent viennent des Balkans et de l’Afrique du Nord. Beaucoup sont sous le coup de la procédure Dublin 3 et vont être renvoyés dans le pays européen où ils ont fait une première demande d’asile. »

Le hall  6 de Luxexpo est actuellement occupé par 230  personnes et certaines y séjournent beaucoup plus longtemps que les deux ou trois jours initialement prévus. La raison? Elles sont sous le coup de Dublin  3 (environ 170  personnes) ou ont été déboutées de leur demande de protection internationale. « Deux tiers des personnes qui sont dans les foyers d’accueil se trouvent dans la procédure pour obtenir le statut , précise Yves Piron. Les personnes du tiers restant ont obtenu le statut ou ont été déboutées ou sont sous le coup de la procédure de Dublin  3. Mais on ne met personne dehors. » Et quelque 200 personnes arrivent, en moyenne, chaque mois.

De nouveaux foyers à Mersch, Mondercange…

Le gouvernement est donc toujours en quête de terrains pour créer de nouvelles structures d’accueil, d’autant plus que le Monopol (600  places) vient de fermer. Les chalets de Bourscheid vont aussi cesser d’accueillir des réfugiés dans le courant de ce mois. Mais de nouvelles structures apparaissent  : le village-conteneurs de Diekirch depuis décembre (150  places, puis 150  nouvelles places dès ce mois-ci), à Mersch, l’ancien bâtiment pourra accueillir dès ce mois-ci 350  personnes et en février c’est l’ancien bâtiment de l’école différenciée de Mondercange qui ouvrira ses portes pour 160  personnes maximum (en attendant l’ouverture de la structure du quai Neudorf  : 150  places).

En revanche, les villages-conteneurs de Mamer, Junglinster et Steinfort sont, pour le moment, en stand-by en raison des procédures judiciaires en cours. Par ailleurs, des «foyers durables» sont en approche. « Après Sanem, une structure de ce type va s’ouvrir avant l’été à Bettembourg , indique Yves Piron. C’est une structure moderne, modulaire et accessible à tous, destinée à une soixantaine de personnes. Tandel devrait aussi accueillir une structure de ce type et nous sommes en discussion avec Bascharage .»

« Des communes ont toujours pris leurs responsabilités, et tous partis confondus , note Corinne Cahen. Et il y a des communes qui n’ont jamais voulu prendre une quelconque responsabilité dans ce domaine, tous partis politiques confondus… » La ministre de la Famille et de l’Intégration poursuit en mettant en avant la commune de Tuntange  : « L’exemple avec un grand E, la bourgmestre est formidable, la population est formidable, les enseignants sont formidables… Et depuis de nombreuses années. » Elle salue également l’initiative citoyenne «Oppent Haus  –  Open Home», qui met en relation des réfugiés avec des résidents prêts à les accueillir chez eux  : « Je les soutiens ainsi que tous les résidents qui accueillent des réfugiés chez eux. »

En termes d’intégration, de nombreuses actions ont été mises en place avec différents partenaires (Caritas, Croix-Rouge, ASTI, Adem, Uni…). « Tout fonctionne bien , note la ministre de la Famille et de l’Intégration. On est en train de travailler sur un programme d’intégration pour institutionnaliser l’apprentissage des langues, de la culture, de la société luxembourgeoise… » « Tout le monde se sent concerné par les défis de l’accueil et de l’intégration », poursuit Yves Piron. Et Corinne Cahen  d’ajouter  : « On fait tout ce qu’on peut et on peut toujours faire mieux. Et toujours en traitant des êtres humains comme des êtres humains. »

Guillaume Chassaing

« Pour une solution européenne »

Pour Corinne Cahen, la crise des migrants est un problème européen. « On ne peut plus continuer de jouer au ping-pong, il faut arrêter de dire d’aller voir en Allemagne, en France… , estime la ministre de la Famille et de l’Intégration. On a tous les mêmes problèmes. On est tous à saturation. L’Europe doit prendre ses responsabilités. Il faut une solution européenne. »

Corinne Cahen prône également « un meilleur fonctionnement de notre politique de coopération pour que les gens aient un avenir dans leur pays. Personne ne part de chez soi de gaieté de cœur. »