À Lens, ce dimanche, Chris Philipps sera titulaire dans l’entrejeu grenat. Il a un mois pour convaincre Philippe Hinschberger qu’il vaut mieux le retenir en Lorraine plutôt que de le prêter.
C’est reparti pour un tour. Comme en 2015, Chris Philipps va devoir jouer serré. En l’absence des cadres à la récupération, alors que son club envisage très sérieusement de recruter au poste, il va avoir droit à sa chance mais avec le couperet de la guillotine prêt à tomber : s’il ne parvient pas à se rendre indispensable dans ce contexte difficile, il demandera officiellement un nouveau prêt, voire plus. Le contexte est pourtant bien différent, 24 mois après la dernière Coupe d’Afrique des nations providentielles (qui lui avait alors permis d’honorer neuf titularisations en deuxième partie de saison) : il a plus de maturité et, surtout, plus de perspectives. L’opération séduction commence ce dimanche à 14h15 du côté du stade Felix-Bollaert.
Le précédent : «En 2015, j’étais un outsider»
Il y a deux ans, les départs à la CAN de cinq joueurs de l’effectif grenat, dont les milieux de terrain récupérateurs Cheick Doukouré (Côte d’Ivoire) et Ahmed Kashi (Algérie), avait ouvert enfin en grand les portes d’une titularisation à un gamin de 20 ans, sommé d’en profiter pour faire ses preuves. Le bilan de l’époque est du genre « bien, mais peut mieux faire », reconnaît Philipps : « Je lançais plus ou moins ma carrière à un moment où il y avait beaucoup de changements dans le club et au milieu d’une série de 18 matches sans succès. C’était encourageant, mais il n’y avait pas eu de suite. Cependant aujourd’hui, j’ai plus de certitudes ».
Il commence aussi à manquer de temps : « C’est vrai que ça pressait moins », sourit-il. À 22 ans, il regarde plutôt ce mois de janvier 2017 comme un tournant plus ou moins définitif : « En 2015, j’étais outsider et Albert Cartier ne me voyait pas forcément comme une alternative concrète. Aujourd’hui, c’est beaucoup moins le cas. » Bref, il a tout en main pour en profiter.
L’impératif : «Je dois apporter de l’équilibre,et j’ai le devoir d’être bon…»
Philippe Hinscheberger, au fil des séances qu’il apprécie de son Luxembourgeois, lui aurait indiqué à plusieurs reprises qu’il regrette de ne pas pouvoir lui offrir plus de temps de jeu. C’est qu’il a dû faire un choix et prendre des options fortes. La paire Mandjeck-Doukouré est puissante, capable de casser les lignes balle au pied, mais ne possède pas la première relance d’un Philipps.
Bref, c’est une question de profil plus que de qualités intrinsèques. « Je dois apporter de l’équilibre à l’équipe et j’ai le devoir d’être bon. » Par là, le Nordiste entend se montrer. Le Philipps souvent décrit dans les travées de Saint-Symphorien comme honnête et bon petit relanceur, va devoir apprendre à se rendre incontournable en un minimum de temps. « Je dois me montrer beaucoup plus pour que le coach décide que sur la fin de saison, il va se baser sur mes qualités. » Sacrée gageure puisque c’est un changement complet de paradigme pour le FC Metz.
À Lens, c’est d’ailleurs cette piste du jeu que devrait explorer Hinschberger puisque Philipps devrait être associé à un manieur de ballon, Florent Mollet. Ces deux-là seront au cœur du jeu car Renaud Cohade sera suspendu. Or, comme l’admet Chris, « notre jeu est surtout basé sur ses performances à lui ». Bref, cette grande première de l’année 2017 est cruciale. Il va lui falloir convaincre beaucoup de gens que la possession et la première relance ont un avenir au FC Metz aussi florissant pour la conquête du maintien que la solidité du duo Mandjeck – Doukouré.
La dernière chance : «Si ça ne marche pas ces six prochains mois, ça ne marchera jamais»
Chris Philipps, à l’avant-veille du déplacement à Bollaert, l’a redit sans ambages : « Je ne peux pas me permettre une saison blanche .» Auteur pour l’heure de deux titularisations (Marseille en Ligue 1, Toulouse en Coupe de la Ligue), il ne veut pas s’autoriser six mois de plus à ce rythme famélique. Revenu d’une semaine de vacances durant lesquelles il a dû énormément se surveiller au niveau de l’alimentation (« Même si le coach nous a dit qu’il faut aussi savoir profiter de la vie, je n’ai pas pu me lâcher comme mes amis ») ainsi qu’empiler sept séances individuelles concoctées par le préparateur physique du club, il a pris confiance en devinant qu’il entrait dans les plans de ce début d’année.
« C’est un mois très important dans ma carrière », lâche-t-il. Alors la CAN, même si ce n’est pas son truc, il va la suivre. « J’aimerais bien que Georges et Cheick aillent le plus loin possible. Ce serait tout bénéfice pour tout le monde », sourit Chris. La compétition débute le 14 janvier et se conclut le 5 février. S’il pouvait y avoir deux Messins en finale, à Libreville…
En attendant, le Luxembourgeois a aussi le devoir de penser à l’avenir. C’est-à-dire à l’échec. « Je sais que le club veut recruter quelqu’un d’autre à mon poste. Cela ne veut pas dire non plus qu’il sera meilleur que moi, mais j’ai appris qu’il valait mieux préparer les choses. » Bref, Philipps continue de regarder ailleurs. En 3e Bundesliga, mais « aussi dans d’autres pays que l’Allemagne ». « Rien de concret pour le moment .» Mais une volonté de verrouiller les options. Parce qu’on n’est plus dans l’insouciance de 2015. Plutôt dans la brutale réalité d’une carrière qu’il faut désormais absolument faire décoller : « Je crois qu’il faut être lucide : si ça ne marche pas ces six prochains mois en Lorraine, ça ne marchera jamais… » C’est dit.
Julien Mollereau
Il attend son premier succès !
Chris Philipps n’a jamais eu de chance avec les Grenats. Souvent sur le banc depuis ses débuts, il n’a jamais gagné la moindre rencontre quand il a été titularisé. Deux nuls et sept défaites en 2015. La courte désillusion au Vélodrome contre l’OM en 2016 (1-0) et un succès… arraché aux penalties contre Toulouse en Coupe de la Ligue dans la foulée (1-1).
Bref, sur 90 minutes, Philipps n’a encore jamais levé les bras au coup de sifflet final d’une rencontre avec le club à la Croix de Lorraine. Et avant de se déplacer au Parc des Princes pour y défier le PSG, puis à Nice pour tenter de déstabiliser le leader de la Ligue 1, en moins d’une semaine, ce ne serait pas une mauvaise idée d’interrompre la série dès ce week-end.