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Grippe aviaire en France : abattage massif de canards dans le Sud-Ouest


Abattage massif de canards d'élevage dans 150 communes du Sud-Ouest de la France. (Photo : AFP)

Dans 150 communes du Sud-ouest, l’abattage massif de canards élevés en plein air débute jeudi pour tenter d’endiguer le nouveau virus particulièrement virulent de grippe aviaire, déclenchant la colère et l’inquiétude des éleveurs.

A Auch, devant la préfecture du Gers, le département le plus touché par la nouvelle épizootie, quelques dizaines d’éleveurs, soutenus par des chasseurs, commençaient à se rassembler jeudi matin à l’initiative du collectif des «Canards en Colère».

«La filière est plus qu’en danger», s’est exclamé Christian Candelon, éleveur de canards prêts à gaver à Castillon-Debats. «On pense sincèrement à arrêter», a-t-il dit. «On ne peut pas continuer à travailler avec cette épée de Damoclès au-dessus de la tête, c’est-à-dire six mois de l’année sans revenu». Sous une bannière dénonçant la «mort de la filière», les éleveurs manifestaient alors qu’à la préfecture se tenait une réunion du comité départemental de suivi de la grippe aviaire pour détailler les mesures annoncées la veille par le ministère de l’Agriculture.

«Le gouvernement a pris des décisions terribles pour nos éleveurs, mais probablement les seules qu’il faille prendre si on veut faire redémarrer cette filière», a déclaré Philippe Martin, président PS du conseil départemental et député du Gers, dans la manifestation. Les cas de grippe aviaire ne cessent de grimper depuis un mois. Le ministère de l’Agriculture avait dénombré jeudi 89 foyers principalement dans des élevages du Sud-ouest, et cinq cas dans la faune sauvage.

Le virus H5N8 qui se propage de façon fulgurante depuis fin novembre dans l’Hexagone est classé «hautement pathogène». Il est «nettement plus meurtrier que la souche H5N1 apparue en Dordogne fin 2015, a déclaré Jean-Luc Guérin, professeur à l’Ecole nationale vétérinaire de Toulouse et chercheur à l’INRA. Face à l’ampleur de la crise, le ministère de l’Agriculture a décrété de faire abattre des centaines de milliers de canards et oies.

«Arrêter l’incendie»

A compter de jeudi matin, «les abattages préventifs de palmipèdes peuvent être ordonnés» dans 150 communes au total, selon l’arrêté paru jeudi au Journal Officiel: sont concernées 88 communes du Gers, qui concentre plus de la moitié des foyers, mais aussi 53 communes des Landes, 6 des Hautes-Pyrénées et 3 des Pyrénées-Atlantiques.

Plus de 300 000 canards ont déjà été abattus dans les zones infectées. Mais la nouvelle zone d’abattage préventif comprend un million de palmipèdes «en parcours» prêt-à-gaver, c’est-à-dire âgés de trois à 13 semaines, élevés en plein air – donc exposés au passage des oiseaux sauvages qui transmettent le virus H5N8 – et appelés à être transportés pour être gavés, a indiqué le ministère de l’Agriculture.

«Aujourd’hui, c’est la seule solution», estime encore Christian Candelon, membre du collectif «Canards en colère». «Le problème, c’est que si on avait réagi un mois plus tôt, au lieu d’abattre un million de canards, on en aurait abattu 100 000». «On a laissé pourrir la situation», fustige cet éleveur «en zone de surveillance» qui préfèrerait «à la limite» qu’on «abatte tout de suite» ses 5 000 volatiles qu’il ne peut plus commercialiser.

Après le virus de l’an dernier, «on n’a touché que 70% des indemnisations», déplore l’agriculteur qui a dû faire «appel à des fonds privés pour sauver la trésorerie». Le Cifog, qui représente les éleveurs et industriels de la filière foie gras, «craint des pertes considérables» de l’ordre de 75 à 80 millions d’euros en comptant le coût de l’abattage et du vide sanitaire qui suivra. «Il faut arrêter l’incendie», a déclaré Christophe Barrailh, président du Cifog, lui-même éleveur dans les Landes: «On est mobilisés pour réaliser l’opération dans les meilleurs délais».

En outre, Philippe Martin, lui-même ancien ministre de l’Ecologie, «souhaite qu’on tire les enseignements» de cette nouvelle crise et dénonce notamment le rôle des transports dans la propagation de l’épidémie. Il réclame qu’«on modifie aussi les pratiques d’un modèle économique» qui met en danger une filière courte «qui n’est pas responsable et qui risque de payer un lourd tribut».

Le Quotidien/afp

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