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Toujours trop de violences sur les mineurs au Luxembourg


Les violences sur mineurs ont augmenté en 2015, selon l’Unicef. Des chiffres nuancés par le gouvernement.

Pour mieux aider les mineurs ayant subi ou assisté à des violences dans le cadre domestique, le gouvernement souhaite s’inspirer du modèle islandais en créant une maison réunissant tous les services d’aide et d’encadrement des victimes.

Le contexte

En 2015, la police grand-ducale a procédé à 802 interventions en matière de violence domestique. Lors de ces interventions policières, 168 victimes étaient mineures, ce qui représente une augmentation de 36,58 % par rapport à 2014, selon le rapport annuel d’Unicef.

La réponse du gouvernement

Ces chiffres, rapportés par la députée Nancy Arendt (CSV), ont été nuancés par les ministres de l’Éducation nationale et de la Justice dans une récente réponse parlementaire. Ils précisent ainsi que le nombre de 168 victimes mineures de violence domestique est tiré des chiffres de la police. Or, il peut arriver, ajoutent-ils, que les agents de police qui interviennent pour des violences domestiques renseignent dans leurs rapports la présence de mineurs dans le ménage concerné, mineurs qui sont «par après erronément encodés comme « victimes »», alors qu’ils n’étaient pas la cible de ces violences.

D’ailleurs, selon les statistiques du parquet de Luxembourg, le total des procès-verbaux de police relatifs à des coups et blessures sur mineurs de moins de 15 ans étaient de 87 en 2014 et de 78 en 2015, tandis que les victimes de coups et blessures volontaires âgées entre 14 et 18 ans étaient au nombre de 67 en 2014 et 42 en 2015. Reste que les statistiques ne montrent probablement que la partie émergée de l’iceberg, beaucoup des violences domestiques restant malheureusement impunies car non dénoncées à la police.

Les structures d’aide

En ce qui concerne les capacités des maisons d’enfants, en date du 1er octobre 2016, les structures de l’État et privées accueillaient un total de 757 enfants et jeunes adultes, dont 538 placements judiciaires (71,07 %) et 219 accueils volontaires.

À noter que les institutions privées ont généralement un taux d’occupation frôlant les 100 %. Ce qui n’est pas forcément le cas dans les institutions publiques. Pourtant, «à l’heure actuelle, certaines institutions publiques, comme les MEE (Maisons d’enfants de l’État) connaissent un déficit en personnel d’encadrement socio-éducatif et psycho-social». Une mise en conformité est donc actuellement en cours.

Le modèle islandais

Le Luxembourg souhaite s’inspirer du modèle du «Barnahus» islandais. Cette institution de coopération multidisciplinaire a été développée dans les pays scandinaves avec l’objectif de rassembler en un seul endroit les victimes mineures ayant subi ou assisté à des violences physiques, conjugales, sexuelles… Y sont organisés, notamment, un accueil psychologique, une audition judiciaire sous contrôle d’un juge, un examen physique effectué sur ordre du juge par un médecin pédiatre ou par un médecin légiste, ainsi que des séances de psychothérapie post-traumatologiques.

À la suite d’une visite en début d’année 2015 du «Barnahus» islandais par une délégation luxembourgeoise, il a donc été retenu que le Luxembourg se doterait également d’une telle structure, annoncent les ministres. La création d’un tel service permettra à l’avenir de réduire le stress de l’enfant, «qui ne doit être déplacé ni vers un hôpital, ni vers un commissariat de police, mais uniquement vers ce service installé dans une maison aménagée de façon à ce qu’il s’y sente bien».

Romain Van Dyck

Qui contacter ?

Le ministère de l’Égalité des chances vient de publier une brochure avec ce mot d’ordre : «Battons-nous ensemble contre la violence domestique». Il y rappelle les différents projets nationaux visant à endiguer ce fléau (www.violence.lu).

Voici également différents services à contacter en cas de besoin :

– SAVVD/Femmes en détresse ASBL (www.fed.lu). À noter que l’ASBL dispose aussi d’un service psychologique pour enfants et adolescents victimes de violence domestique.

– Riicht Eraus/Croix-Rouge, qui a un service prenant en charge les auteurs de violence domestique. (www.croix-rouge.lu).