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Attentat de Berlin : ce que l’on sait de l’enquête et des possibles complices


Une photo fournie par la police policière italienne (Polizia di Stato) montre Anis Amri, l'auteur présumé de l'attentat au camion-bélier à Berlin prise à 22.14pm (heure locale) le 22 décembre 2016 à la gare de Torino Porta Nuova à Turin. (Photo : AFP)

L’enquête sur l’attentat de Berlin a permis d’établir en partie le scénario de la cavale de l’auteur présumé à travers l’Europe, et a conduit à des arrestations en Tunisie et en Allemagne. Voici ce que l’on sait des investigations et un résumé des questions toujours en suspens.

L’attentat et la cavale

Lundi 19 décembre: selon la police, Anis Amri, un Tunisien de 24 ans, est l’homme qui écrase et tue avec un camion volé 11 personnes sur un marché de Noël au cœur de Berlin. Il abat aussi par balle le chauffeur polonais du poids lourd qui est dépeint dans un premier temps en héros par les médias allemands selon lesquels il a fait dévier le véhicule de sa course mortelle. Depuis, le quotidien Bild affirme, citant un rapport d’autopsie, que le conducteur polonais est mort en réalité plusieurs heures avant le carnage.

Il reste aussi à établir qui était au volant pour amener le véhicule de 40 tonnes du nord-ouest de Berlin, où il a été volé, au centre-ville où l’attentat a eu lieu. Mardi 20 décembre: les enquêteurs identifient Amri comme leur principal suspect grâce à la découverte dans le camion de son portefeuille. Dans la nuit du 20 au 21, l’Allemagne émet un avis de recherche européen.

Mercredi 21 décembre: Les agissements d’Amri entre le moment du carnage et le mercredi soir restent très flous. Selon des enquêteurs français, il a «voyagé dans la nuit du 21 au 22 décembre par car de la gare routière de Nimègue», ville des Pays-Bas près de la frontière avec l’Allemagne, «jusqu’à la gare ferroviaire de Lyon-Part-Dieu» en France.

La police allemande n’a donné aucune indication sur la manière dont Amri a pu quitter le territoire allemand, alors qu’il était recherché et que les contrôles aux frontières avaient été renforcés. Jeudi 22 décembre: il est filmé par des caméras de vidéo-surveillance à Lyon d’où il a pris un train pour Chambéry (France) et enfin un autre pour Milan (Italie). Vendredi 23 décembre: en pleine nuit, deux policiers milanais en patrouille près de la gare voient un homme au comportement suspect. Lorsqu’ils lui demandent ses papiers, il sort son arme, tire et blesse un agent avant d’être tué par le second. Le corps sera identifié comme étant celui d’Amri.

La question des complices

C’est désormais tout l’objet de l’enquête : Amri a-t-il été aidé pour préparer son attentat ou dans sa fuite ? A Berlin, un «possible contact» du Tunisien a été arrêté, a annoncé le parquet mercredi évoquant un ressortissant tunisien de 40 ans dont le domicile et le commerce ont été perquisitionnés. «Les investigations laissent penser» que cet homme «pourrait être lié à l’attentat», indique dans un court communiqué le parquet fédéral. Mais restant prudent, il précise que ces soupçons «restent à confirmer» et qu’il se réserve les prochaines 24 heures pour demander le placement en détention provisoire du suspect.

Vendredi, la Tunisie avait de son côté annoncé les arrestations de trois proches d’Amri, dont son neveu. Le neveu aurait fait allégeance au groupe Etat islamique, et «avoué être en contact» avec son oncle via «l’application cryptée Telegram pour échapper à la surveillance policière». Le pôle antiterroriste tunisien n’a dans l’immédiat établi aucun lien avec l’attentat de Berlin.

Le parcours d’Amri avant l’attentat

La police berlinoise avait surveillé Anis Amri de mars à septembre 2016 car elle soupçonnait cet individu classé «dangereux» depuis des mois de vouloir acheter des armes pour commettre un attentat. Mais finalement l’affaire est classée, les enquêteurs n’ayant rien trouvé d’autre que des faits de «petit trafic de drogue» et de bagarre.

Cela vaut aujourd’hui aux autorités allemandes d’être accusées de négligence ou de s’être laissé berner par un militant islamiste avéré et qui usait de multiples identités. Amri a aussi pu échapper à une expulsion d’Allemagne après le rejet de sa demande d’asile, la Tunisie ayant refusé des mois durant de reconnaître qu’il était citoyen tunisien. Le jeune homme, sous le coup d’une condamnation dans son pays pour vol, avait fui la Tunisie par la mer en mars 2011. En Italie, il a purgé jusqu’en mai 2015 près de quatre années de détention pour un incendie criminel.

Le Quotidien/afp