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« Un dangereux criminel » en fuite : la police berlinoise confirme ses doutes


La police est toujours à la recherche du conducteur du poids lourd, après avoir arrêté un homme présenté comme suspect dès lundi soir. (photo AFP)

La police de Berlin a indiqué mardi que le conducteur du camion responsable de l’attentat sanglant sur un marché de Noël était « probablement » en fuite après avoir dans un premier temps affirmé avoir arrêté l’auteur présumé, un migrant pakistanais qui a été remis en liberté mardi soir.

« Nous avons probablement un dangereux criminel dans la nature et bien sûr cela inquiète la population », a déclaré le chef de la police berlinoise, Klaus Kandt, lors d’une conférence de presse. Des analyses sont en cours pour déterminer si l’ADN d’un demandeur d’asile pakistanais de 23 ans, interpellé dès lundi soir et présenté par les autorités comme le suspect, correspond à des « traces » retrouvées dans le camion. Mais le chef du parquet fédéral anti-terroriste, chargé de superviser l’enquête, Peter Frank, a laissé peu de doute mardi sur l’issue de celles-ci : « Nous devons nous préparer à l’idée que la personne interpellée n’est pas l’auteur » de l’attentat.

Ce coup de théâtre est intervenu peu après que le ministre de l’Intérieur Thomas de Maizière eut annoncé l’arrestation dès lundi soir d’un suspect, « a priori » un Pakistanais arrivé en Allemagne le 31 décembre 2015 par la route des Balkans et enregistré comme demandeur d’asile. « Il nie le crime », a poursuivi Thomas De Maizière, précisant par ailleurs qu’il n’existait « pour l’instant » aucune revendication de Daech. Les craintes de la population berlinoise restent donc grandes au lendemain de l’attentat et les mesures de sécurité ont été renforcées dans la ville.

Le demandeur d’asile a été remis en liberté faute d’éléments le mettant en cause. « La personne suspectée a été remise en liberté dans la soirée sur ordre du parquet fédéral. Les résultats de l’enquête n’ont à l’heure actuelle pas mis à jour d’éléments confirmant des soupçons concrets » à son encontre, a indiqué le parquet allemand dans un communiqué.

« Il voulait rouler sur les gens »

La personne présentée comme un suspect avait été arrêtée peu après les faits, survenus lundi peu après 20h sur une place très touristique de Berlin. Il avait été poursuivi à pied sur deux kilomètres par un témoin qui guidait la police par téléphone, selon le quotidien Die Welt. Avant que les doutes ne soient émis par la police, Angela Merkel a jugé « particulièrement difficile d’imaginer » la possible implication d’un demandeur d’asile, alors que les critiques sur sa politique migratoire redoublent.

Le carnage s’est déroulé au pied de l’église du Souvenir, monument phare de l’ouest de la capitale allemande au clocher éventré par les bombardements de la Seconde guerre mondiale. Le camion, pare-brise détruit par les chocs, a été enlevé mardi matin. « Il a littéralement pulvérisé la première baraque de bois », a raconté à la chaîne N1 une Bosnienne installée à Berlin, qui prenait un verre avec ses parents. « Il roulait directement sur nous, mais à un moment il a tourné parce qu’il ne visait pas notre baraque mais la foule. Il voulait rouler sur les gens ». Frôlés par le semi-remorque à grande vitesse, ses parents sont tombés mais ont réussi à se relever. « Nous tentions tous de retrouver nos proches et amis. Une minute plus tôt, on buvait du vin chaud ensemble, et juste après ils gisaient en sang sur le sol ».

Parmi les victimes décédées, six sont allemandes, selon la police. Les identifications des autres se poursuivent.

Des traces de coups sur le corps du routier polonais

Par ailleurs, un autre défunt, retrouvé dans la cabine du camion, est un ressortissant polonais tué par balle. Il était le chauffeur en titre du véhicule volé par l’auteur de l’attentat. Son corps portait des traces de coups, a assuré le transporteur pour qui il travaillait. L’homme de 37 ans, qui laisse une femme et un fils de 17 ans, était un costaud de 120 kilos, mesurant 183 centimètres, a confié aux médias polonais Ariel Zurawski, patron d’une société de transports installé près de Gryfino, dans le nord-ouest de la Pologne. « Une seule personne n’aurait pas eu raison de lui ». Le mort était son cousin, qu’il connaissait depuis l’enfance. Ariel Zurawski avait été appelé dans la nuit par la police polonaise pour identifier la victime sur une photo. « On y voyait des traces de coups, il était évident qu’il s’était battu. Son visage était ensanglanté, tuméfié. Il y avait une blessure à l’arme blanche », a-t-il raconté, confiant qu’il avait eu du mal à regarder l’image. « La police m’a dit qu’il y avait aussi une blessure par balle ».

Sur la route depuis une semaine et demie, la victime est arrivée à Berlin d’Italie en transportant 24 tonnes d’éléments en acier. Le routier aurait dû normalement les décharger tout de suite comme prévu, mais la société destinataire a remis l’opération au lendemain. « Il voulait rentrer à tout prix jeudi au plus tard, pour acheter un cadeau à sa femme », a encore raconté l’entrepreneur. Il a donc stationné devant l’entrepôt du client. Le conducteur a eu le dernier contact téléphonique avec sa femme vers 15h. « Par la suite, poursuit Ariel Zurawski, on a découvert grâce à son système GPS, que le camion a été mis en marche vers 15h45 », mais n’est pas parti, ne faisant que des petits mouvements en avant et en arrière « comme si quelqu’un apprenait à le conduire ». Le patron a alors compris que « quelque chose de mauvais » était arrivé, car le conducteur observait toujours scrupuleusement la pause imposée par la loi. Le semi-remorque était muni d’une boîte automatique, il était relativement facile à conduire. Il a quitté son stationnement vers 19h40, faisant un parcours de dix kilomètres environ jusqu’au marché de Noël.

Le Quotidien/AFP

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