Un clip de rap tourné à Guénange fait le buzz sur les réseaux sociaux mais pas vraiment dans le bon sens du terme. Les interprètes y font l’apologie du trafic de drogue. Des figurants brandissent aussi armes à feu et armes blanches.
La gendarmerie a ouvert une enquête après avoir découvert la diffusion d’un clip de rap tourné à Guénange. Une vidéo qui met en scène de jeunes hommes, mais aussi des gamins du quartier sensible République, où tous les ingrédients de la délinquance sont réunis : des paroles faisant l’apologie du trafic de drogue, des liasses de billets à gogo mais surtout des armes à feu et des armes blanches.
Mis en ligne début décembre, ce film, signé du collectif DabraBéné, est largement relayé par les réseaux sociaux et les sites d’extrême droite qui en font une cible toute trouvée. Les habitants du quartier République et ceux de l’ensemble de la ville y voient une mauvaise publicité dont ils se seraient bien passés.
Un drone pour filmer le quartier
La priorité des enquêteurs est évidemment de mettre la main sur les auteurs de cette vidéo dont le montage est, au demeurant, plutôt soigné. Ces derniers ont même eu recours à un drone pour filmer le quartier au grand jour.
Le tournage sauvage a probablement eu lieu le 6 novembre, jour où des habitants de la rue Mangin ont eu l’outrecuidance de regarder à leur balcon quel attroupement venait de se former au pied de l’immeuble. Ils ont été rembarrés sans ménagement par les figurants.
Ce même jour, la gendarmerie aurait été alertée de tirs de pétards entendus par des habitants dans le secteur.
Cette vidéo est arrivée un peu comme un ovni dans un quartier où le trafic de drogue est certes enraciné, mais où les protagonistes versent rarement dans l’artistique. « Ils avaient peut-être de l’argent à dépenser », ironise un observateur.
En tout cas, à Guénange, on ne rigole pas vraiment d’une telle réalisation. « Que voulez-vous que je vous dise ? C’est une provocation supplémentaire pour dire : « le quartier nous appartient » », soupire le maire Jean-Pierre La Vaullée, impuissant face à une situation qui le dépasse. Et aujourd’hui l’effraie un peu, aussi. « C’est compliqué », insiste-il en assurant que les protagonistes du clip qui suscite tant de malaise dans sa ville « ne sont justement pas tous de Guénange ! D’accord, il y a des jeunes du quartier, mais pour les autres, je vous assure qu’ils ne sont pas de chez nous ».
L’élu n’a sans doute pas tout à fait tort : le quartier République est devenu une plaque tournante de la drogue en Moselle et des trafiquants de tous horizons y ont leurs habitudes.
L’an passé, des dealers de la région parisienne y avaient pris leurs marques avant d’être mis hors d’état de nuire par les forces de l’ordre.
C.F. (Le Républicain lorrain)