Une étude présentée mercredi dévoile que plus de huit salariés sur dix se rendent à leur travail alors qu’ils sont malades, au Luxembourg. Or ce « présentéisme » a des conséquences négatives à la fois pour la productivité de l’entreprise, la santé des individus et sur les dépenses publiques de santé.
Moins connu que l’absentéisme, un fléau de plus en plus souvent dénoncé par le patronat, le présentéisme peut aussi faire des ravages. Par présentéisme, on entend la présence de salariés au travail alors qu’ils sont malades.
Selon les chiffres dévoilés mercredi par l’Inspection générale de la sécurité sociale (IGSS), plus de 85 % d’entre eux, soit plus de huit salariés sur dix, sont concernés par le présentéisme, total ou partiel, au cours d’une année.
L’étude révèle que 62 % des salariés se sont rendus au travail alors qu’ils étaient malades. Parmi eux, 55 % ont déclaré avoir fait du présentéisme total et 29 % du présentéisme partiel. Les auteurs de l’étude complètent ces chiffres par un autre calcul en ne tenant compte que de ceux qui n’ont pas été malades lors des douze mois ayant précédé l’étude.
«La part des salariés ayant fait du présentéisme total ou partiel passe de 62 % à 85 %. Autrement dit, plus de huit salariés sur dix ayant été malades au moins une fois au cours d’une année se rendent à leur travail alors qu’ils sont malades. Rappelons que 28 % des salariés interrogés (soit 4 818 salariés) déclarent ne pas avoir été malades au cours de la période de référence», dévoile l’étude.
Le questionnaire de l’étude a été soumis au printemps 2013 à 80 000 salariés du secteur privé. Au final, 17 461 questionnaires étaient exploitables.
La crainte d’être pénalisé joue
La première étude sur le présentéisme au travail révèle donc non seulement que ce comportement est «fréquent», mais qu’en outre il touche toutes les catégories de salariés.
Parmi les salariés malades, les uns restent travailler parce que cela correspond à leur «engagement» et leur «responsabilité», tandis que les autres craignent tout simplement «d’être pénalisés». Or, comme le souligne l’étude, le présentéisme a des conséquences négatives à la fois pour la productivité de l’entreprise, la santé des individus et sur les dépenses publiques de santé.
Le salarié qui, en dépit d’être malade, vient travailler est moins productif et risque de contaminer ses collègues, met en avant l’étude. En plus de cela, il «s’expose à des risques de rechute plus importants».
Pour les auteurs de l’étude, il est «fondamental» de réaliser que les mesures de lutte contre l’absentéisme risquent d’augmenter le présentéisme. L’IGSS propose donc de réfléchir à des mesures qui permettent «une meilleure adéquation entre durée de l’absence, santé de l’individu et productivité».
Le Quotidien