Dans sa publication de décembre, la Fondation Idea relève que plus de 16000 « salariés-résidents » ont quitté le Luxembourg pour s’installer dans un territoire frontalier entre 2001 et 2011. Cette « métropolisation » croissante de la capitale implique la nécessité d’une coopération renforcée dans l’aménagement du territoire, plaide la fondation.
Certes le Grand-Duché poursuit sa croissance démographique, dopée par une hausse continue de nouveaux arrivants. Mais, relève la Fondation Idea dans son « Idée du Mois », le phénomène inverse est aussi observable et semble se renforcer.
« Ainsi, ce sont plus de 16.000 salariés-résidents qui ont déménagé dans un territoire frontalier entre 2001 et 2011 (sans compter les éventuels membres de leurs familles) pour devenir ainsi des frontaliers atypiques », note la fondation. Parmi eux, la part des salariés de nationalité luxembourgeoise est même passée de 17% à 29% entre 2001 et 2007.
En cause : les prix toujours plus élevés de l’immobilier au Grand-Duché, bien loin des tarifs plus raisonnables pratiqués au-delà de la frontière. « S’installer de l’autre côté de la frontière apparaît souvent comme une nécessité pour qui désire acquérir un logement et/ou en augmenter la taille, avec en contrepartie un éloignement du lieu de travail », écrit la fondation.
Ainsi parmi les salariés du Luxembourg ayant déménagé dans la Grande Région, « la part des propriétaires passe de 20% à 57% ». « La disponibilité foncière des territoires frontaliers offre ainsi une soupape de décompression bienvenue face à un marché de l’immobilier domestique sous haute tension et de plus en plus sélectif, notamment autour de la capitale. »
Une « aubaine » qui implique davantage d’intégration au sein de la Grande Région
Conséquence : la « métropolisation » de Luxembourg-Ville prend de l’ampleur, l’aire d’influence de la capitale grand-ducale atteignant désormais près de 2 millions d’habitants. D’où « une interdépendance accrue des différents territoires transfrontaliers ».
Une « aubaine partagée » certes, mais qui comporte des risques majeurs en rapport avec la saturation des infrastructures, la cohésion sociale et les tensions immobilières.
La Fondation Idea souhaite ainsi que la présidence luxembourgeoise de la Grande Région soit l’occasion « pour envoyer des signaux forts sur les opportunités de l’intégration au sein de cet espace ».
« Une attitude – de part et d’autre de la frontière – qui consisterait à ignorer cette intégration et les défis qu’elle implique, pourrait à terme faire de l’interdépendance des territoires de la Grande Région leur principale vulnérabilité… alors-même qu’il s’agit d’un précieux atout. »
Le Quotidien