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La vie en rose

Comment attirer plus de femmes dans des activités dites plus masculines? Le Parti socialiste en a fait les frais il y a quelques jours avec une polémique sur sa campagne «Madame on Tour – Eng Posch voller Iddien» pour inciter les femmes à s’impliquer davantage dans la politique locale. Affiche rose bonbon, sac à main  : tout y était en termes de clichés sur ce qui représente les femmes et surtout ce qui les préoccupe. Cátia Gonçalves, la présidente des Femmes socialistes, a en conséquence décidé de démissionner de son poste après avoir manifesté en interne sa désapprobation face à cette campagne plutôt maladroite.

L’intention des organisateurs est louable, mais réduire les femmes à des clichés sur leur «féminité» à coups de rose et de shopping… Il serait temps d’aller au-delà. C’est ce qu’a fait Carol Hughes ces jours-ci en Angleterre. Cette enseignante du comté de Durham a invité ses élèves à écrire une lettre à la fédération anglaise de football pour protester contre la «bonne idée» qu’a eue cette dernière de publier sur son site une lettre de recommandations pour convaincre plus de jeunes filles de jouer au football. Parmi ses propositions, on retiendra des sifflets roses (!), des chasubles de couleurs vives, de la musique pendant les entraînements, des pauses régulières pour leur permettre de consulter leur téléphone et d’aller sur les réseaux sociaux, mais aussi des ballons plus légers pour celles qui auraient peur d’être blessées.

La fédération s’est défendue en arguant que les recommandations étaient faites pour les filles qui ne pratiquent pas encore le football et qu’elle s’était fixé comme objectif de doubler le nombre de licenciées d’ici à 2020. En attendant, les élèves de Carol Hughes, n’ayant pas apprécié le ton de ces recommandations, ont donc rédigé une lettre à la Fédération de football expliquant que les filles ne sont pas des Barbie sans cervelle qui ont peur des ballons trop lourds et ne pensent qu’à leur téléphone. La question que filles et garçons de cette école se sont posée, c’est celle de savoir si ce même genre de recommandations superficielles auraient été émises pour les jeunes hommes. Probablement non.

Audrey Somnard