Indignées par la crudité des dialogues et les scènes explicitement sexuelles du film d’animation américain « Sausage Party », deux associations conservatrices françaises ont réclamé mardi à la justice son interdiction aux moins de 16 ans.
Interdit aux mineurs aux États-Unis et aux moins de 12 ans en France, le film réalisé par Greg Tiernan et Conrad Vernon, se présente comme « la première comédie d’animation pour adultes à l’humour particulièrement osé ». Ce récit très cru et souvent gras de la vie intime d’une saucisse et d’une poire à lavement vaginale a provoqué la colère de l’association Promouvoir, proche des catholiques traditionalistes, et d’Action pour la dignité humaine. Ces deux associations réclament une reclassification du film, pour qu’il ne soit pas autorisé aux jeunes de moins de 16 ans. Il y a « urgence », selon l’avocat de Promouvoir, Me André Bonnet, « vu qu’il est déjà visible en salles et susceptible de créer un trouble chez le jeune public ». Selon lui, la bande-annonce « ne dit rien sur le véritable contenu du film » qui se présente comme un simple dessin animé.
Objet des attaques les plus virulentes, une « scène finale de partouze » qui montre « une orgie sidérante entre scènes de fellation, de sodomisation », où l’on voit un paquet de corn-flakes « assénant des mouvements de va-et-vient brutaux et demandant tu aimes ça salope ? » Outre « la vulgarité et l’obscénité », l’avocate d’Action pour la dignité humaine pointe un « viol »: « On va tenter de relativiser, raille-t-elle, ce n’est qu’une brique de jus de fruits, on montre ça sous un jour très rigolo… »
En face, l’avocat du ministère de la Culture moque « la volonté de censure » de ses contradicteurs « à l’égard d’un film qui est un peu libertaire » et critique « sur un mode humoristique la société de consommation ». « La religion aussi en prend pour son grade, mais il ne s’agit pas d’inciter à la violence », estime Me Jacques Molinié. « Oui, le langage est cru » mais « il n’y a pas de représentation de sexe, juste une activité sexuelle. » Le ton est celui « du grotesque, déjanté et permet de prendre de la distance ».
Le tribunal rendra sa décision mercredi.
Le Quotidien/AFP