[16e de finale] Walferdange dispute ce jeudi soir son premier match européen contre Chaumont, l’actuel leader du championnat de France. Sans pression, mais avec l’envie de bien faire.
« Jeudi soir, ce sera la fête même si les gars finiront la soirée par filer un coup de main pour ranger et nettoyer toute la salle…» Par cette phrase, Serge Karier rappelle le fossé existant entre son club de Walferdange et celui de Chaumont. Entre le vice-champion de Luxembourg, ses 85 000 euros de budget, et l’actuel leader du championnat de France qui peut s’appuyer sur un matelas bien plus épais, et confortable, puisque avoisinant les 1,3 million. Un autre monde donc que l’entraîneur luxembourgeois se réjouit de faire découvrir à ses protégés en manque d’expérience. «C’est l’occasion pour eux de savoir à quel niveau ils se trouvent par rapport à ce qui se fait de l’autre côté des frontières…»
Le RSR Walfer compte deux internationaux : Gilles Braas et Philippe Glesener. Enfant d’un club à qui il n’aura été infidèle qu’une saison lorsqu’il prit le chemin de Coburg (2e Bundesliga), le premier nommé reconnaît le caractère «exceptionnel» de l’évènement mais ne s’en fait néanmoins pas une montagne : «Ce sera mon premier match de Coupe d’Europe, mais ça reste un match de volley…»
«Je veux voir douze guerriers partir au feu»
Au vu du rapport de force, la bande à Karier évoluera sans pression, si ce n’est celle qu’elle consentira à s’infliger elle-même. Ici, pas question de résultat, l’épilogue ne faisant guère de doute, mais de manière. «Je veux voir douze guerriers partir au feu, représenter dignement le volley luxembourgeois et m’enflammer la salle !» Une arène plus grande que d’habitude puisque pour l’occasion, le RSR Walfer se produira dans l’espace de jeu réservé d’ordinaire à la Résidence, l’équipe de basket. Combien seront-ils à se masser ce soir dans cette salle dotée d’une capacité de 1 500 places ? Difficile à dire. Hier soir, il était impossible de connaître avec précision le nombre de billets écoulés lors d’une prévente assurée en partie par les joueurs eux-mêmes. «Ça permet de tisser un lien avec les supporters», estime Gilles Braas qui, amusé, confie sa technique de vente : «Aux copains, je parle du match et, dans la foulée, j’en profite pour leur vendre un billet…»
À 6 euros le sésame (9 le soir du match), le club n’a pas pour priorité de gonfler sa trésorerie. «La priorité, explique Mexx Braas, secrétaire du club, est d’attirer du monde.» «La saison dernière, lors de la finale du championnat contre Strassen, on avait 600 spectateurs», rappelle Serge Karier qui, dit-il, a vu un effet : «Depuis le début de championnat, il y a plus de monde que la saison dernière. Ce qui est bien vu qu’on n’a pas encore eu de grande affiche.»
Ce soir, c’en sera une. Une grande face à un adversaire dont l’ambition est d’aller au bout de cette Challenge Cup. Rien de plus normal pour une équipe ne comptant qu’une défaite après sept journées en Pro A. Un revers subi lors de l’ouverture du championnat à… Tours (3-0). Le 21 octobre dernier, Chris Zuidberg était dans le groupe tourangeau. «Cette équipe n’a pas un point fort en particulier qui lui permet d’être au-dessus des autres équipes françaises, mais elle n’a surtout pas de points faibles, estime l’international luxembourgeois. C’est une équipe complète, mélange de jeunes éléments talentueux, à l’image de Boyer, leur pointu, et de joueurs plus expérimentés comme Wounembaina.»
Angelsberg retrouve Chaumont
Le réceptionneur-attaquant camerounais est l’unique rescapé de l’équipe de Chaumont qui, en novembre 2013, avait éliminé Diekirch lors de cette même Challenge Cup. Une expérience à laquelle avait pris part Ben Angelsberg. «Chaumont venait tout juste de monter de Pro B, mais occupait également la première place du championnat quand on les a rencontré», souligne l’attaquant arrivé cet été à Walfer en provenance du CHEV. De cette double confrontation, l’intéressé se souvient d’avoir «souffert sur le plan physique» face à un adversaire qu’il considère «bien plus fort» aujourd’hui et face auquel «espérer gagner un set est illusoire».
Ce jeudi soir, Walferdange a rendez-vous avec l’histoire. Son histoire puisque cette première apparition sur la scène européenne intervient l’année même de son 50e anniversaire. Mais ce rendez-vous ne constitue toutefois pas un aboutissement. «C’est une étape nécessaire pour permettre aux joueurs d’atteindre une certaine maturité. C’est peut-être facile d’être appelé en équipe nationale, de jouer le dessus du tableau au Luxembourg, mais ce type de matche permet aux joueurs de remettre les choses à leurs places. J’aimerais qu’on arrête de se satisfaire rapidement avec des exploits», lâche Karier chez qui l’on devine l’espoir de voir ses joueurs prendre goût à ce parfum européen et faire en sorte de le retrouver dès la saison prochaine. «La place de vice-champion de Luxembourg, c’est le résultat du boulot des gars mais pour l’instant, cette équipe n’a encore rien gagné…»
Walferdange ne visera évidemment pas la victoire, juste, comme le dit Ben Angelsberg, «gagner le maximum de points possibles». Et ainsi le respect.
Charles Michel