Mercredi, la Ville de Luxembourg et douze fabriques d’église (sur 19) ont paraphé une convention dans le cadre de la réforme en cours. Elle laissera les 16 églises concernées à la disposition de l’Église catholique à travers le fonds qui sera créé par la loi.
Il est 17h15, mercredi, à l’hôtel de ville de la capitale. Des applaudissements retentissent dans la salle des mariages. Une union vient d’être conclue? En quelque sorte. La bourgmestre Lydie Polfer vient de parapher une convention avec douze (des 19) fabriques d’église basées sur son territoire, dans le cadre de la réforme en cours (lire l’encadré ci-dessous).
Après une photo de famille, Lydie Polfer explique le contenu de ces conventions. « Après des entrevues individuelles avec les responsables des 19 fabriques d’église et d’après les recherches effectuées par la Direction du géomètre, il en résulte que 21 églises sur 23 qui relèvent d’une fabrique d’église font partie du domaine communal de la Ville , indique la bourgmestre de la capitale.
Aujourd’hui, douze fabriques d’église sur 19 ont signé une convention avec la Ville. Ils reconnaissent la Ville comme propriétaire et en contrepartie la Ville s’engage à laisser, moyennant un loyer minimal, les églises concernées à la disposition du fonds qui va être créé par la loi qui sera votée prochainement. En conséquence, les églises continueront à servir de lieu pour le culte catholique. »
«Assurées d’un toit pour l’avenir»
Les fabriques d’église qui ont signé une convention sont : la cathédrale Notre-Dame et chapelle de la Nativité Bienheureuse Vierge Marie (fabrique d’église Notre Dame), Marie Reine de la Paix (Bonnevoie), Saint-Esprit (Cents), Saint-Joseph (Cessange), Sainte-Cunégonde (Clausen), Saint-Hubert (Dommeldange), Sacré-Cœur (Gare), Saint- Jean-Baptiste (Grund), Exaltation de la Sainte-Croix (Hamm), Saint-Joseph (Limpertsberg), Saint-Fiacre (Muhlenbach), Saint-Henri (Neudorf), Saint-Michel (Ville-Haute), et Saint-Martin et l’église filiale Notre- Dame Salut des Infirmes – Kirchberg (Weismerskirch).
« Nous sommes contents d’avoir trouvé cet accord », affirme le curé de la cathédrale, Henri Hanus. « Cette convention assure aux communautés un toit pour l’avenir. Qu’est-ce qu’on veut de plus? »
C’est une question à poser aux sept fabriques d’église qui ont refusé de parapher cette convention avec la Ville, à savoir Sainte-Famille (Beggen), Saint-Pie-X (Belair), Sainte-Thérèse (Gasperich) Saints-Pierre-et-Paul (Hollerich), Saint-Gengoul (Merl), Saint-Mathieu (Pfaffenthal) et Saint-Antoine de Padoue (Rollingergrund). « Il ne fait aucun doute que la Ville est aussi propriétaire de ces églises », assure Lydie Polfer, avant de citer un rapport d’expertise qui confirme ses dires au sujet de l’église Sainte-Thérèse de Gasperich. La bourgmestre indique également que « les membres de la fabrique d’église de Hollerich ont proposé de nous racheter l’église, mais nous ne sommes pas vendeurs ».
Selon le père Henri Hamus, « ceux qui ont refusé de signer la convention, c’est parce que la loi n’est pas encore loi et qu’ils en font une question de principe ». Une loi que la fabrique d’église a fustigée en septembre dernier dans un communiqué, en dénonçant «la spoliation» de son patrimoine et en s’estimant «harcelée» par un gouvernement coupable à ses yeux d’une «intrusion étatique inacceptable dans l’exercice du culte catholique». Pour elle, la création d’un fonds de gestion unique pour les édifices religieux serait «indigne d’un État de droit».
Malgré tout, la procédure va suivre son cours. La Ville va prochainement soumettre au ministère de l’Intérieur les conventions signées ainsi que les titres de propriété et documents archivés concernant les églises qui relèvent des fabriques d’église qui n’ont pas encore signé la convention. Le feuilleton des fabriques d’église se poursuit.
Guillaume Chassaing
Le projet de loi au Conseil d’État
Le 5 août dernier, le ministre de l’Intérieur, Dan Kersch, a présenté le projet de loi portant sur la création d’un fonds pour la gestion du patrimoine religieux.
Découlant de la convention signée entre le gouvernement et les communautés religieuses signée en janvier 2015 sur la séparation de l’Église et de l’État, le texte prévoit la dissolution des 285 fabriques d’églises et la gestion de leurs avoirs par un fonds. Et ce projet de loi interdit aussi aux communes de soutenir financièrement le fonds.
Ce dernier point a provoqué une levée de boucliers tous azimuts, notamment de la part du Syfel (Syndicat des fabriques d’église du Luxembourg), qui estime que le texte bafoue le principe de l’autonomie des communes.
Initialement, cette loi devait entrer en vigueur au 1 er janvier, mais le texte se trouve encore les mains des membres du Conseil d’État. Le ministre de l’Intérieur espère désormais qu’elle sera effective en avril.