Un tribunal de Moscou a condamné jeudi un ancien policier russe à 15 ans de prison pour « haute trahison » au profit des Etats-Unis, sur fond de multiplication d’affaires similaires en Russie, ont rapporté les agences russes.
Roman Ouchakov a été arrêté en flagrant délit, après avoir placé des documents qui auraient été « demandés » par la CIA. (Photo : AFP)
Roman Ouchakov, ex-officier de police de Krasnoïarsk (Sibérie Orientale), a été reconnu coupable d’avoir tenté de transmettre en 2013 un télégramme crypté du ministère de l’Intérieur russe à l’Agence centrale du Renseignement (CIA) américaine. Roman Ouchakov a été arrêté en flagrant délit, après avoir placé des documents qui auraient été « demandés » par la CIA sous un faux rocher contenant une cachette, a affirmé le procureur Viktor Antipov, cité par les agences. Les enquêteurs ont également découvert sous le rocher 37 000 euros en liquide et une lettre de remerciement de la CIA, selon Viktor Antipov. « C’est une absurdité absolue. Il n’y a rien à Krasnoïarsk qui puisse intéresser la CIA », a réagi l’analyste Irina Borogan, en estimant que Roman Ouchakov avait été piégé par les services secrets russes (FSB).
« Il est probable qu’ils ont intercepté un appel qu’il a passé lui-même à l’ambassade ou au consulat américain » et que le FSB a mis en place cette opération pour le mettre en prison, a déclaré à l’AFP Mme Borogane, responsable du site Agentura.ru, spécialisé dans les affaires des services spéciaux. Les révélations sur des affaires d’espionnage se sont multipliées ces derniers temps en Russie, la plupart d’entre elles étant liées à l’Ukraine où un conflit armé oppose depuis onze mois les forces de Kiev aux rebelles prorusses.
Svetlana Davydova, 36 ans, qui élève sept enfants dont le plus jeune a deux mois et demi, a ainsi été accusée de haute trahison parce qu’elle avait appelé l’ambassade d’Ukraine pour l’informer de mouvements de troupes russes. Arrêtée en janvier, la mère de famille qui risquait jusqu’à 20 ans de prison, a été relâchée après que des dizaines de milliers de Russes ont signé une pétition pour sa libération. Rien que dans la capitale russe, neuf personnes ont été arrêtées pour haute trahison et espionnage depuis le début de 2014, selon un responsable du tribunal municipal de Moscou, cité par l’agence de presse publique RIA-Novosti. « Il y a eu de nombreux cas absurdes dans les années 2000, mais maintenant, ce climat de peur des espions s’est aggravé en raison du conflit en Ukraine », explique Irina Borogan.
AFP