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Les perturbateurs endocriniens coûtent des milliards à l’UE


L’exposition humaine aux perturbateurs endocriniens, surtout les pesticides, coûterait au moins 157 milliards d’euros par an dans l’UE, selon une étude publiée jeudi dans la revue scientifique Journal of clinical endocrinology and metabolism et présentée à Bruxelles.

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Les pesticides sont les principaux responsables de l’addition globale, avec une part de 120 milliards. (Photos : AFP)

Les 18 auteurs de ces recherches ont établi cette addition, qui représente plus de 1,2% du PIB de l’Union européenne, en retenant pour hypothèse une relation de causalité entre l’exposition aux perturbateurs endocriniens et les retards de développement cérébral, ainsi qu’une série de pathologies comme autisme, obésité, diabète et stérilité masculine.

« Ces estimations ne prennent en compte que les perturbateurs pour lesquels la relation de causalité est la plus hautement probable », notamment les organophosphates (OP) utilisés pour les pesticides, et les polybromodiphényléthers (PBDE) servant à ignifuger plastiques et textiles, note l’article. Certaines de ces substances sont déjà interdites dans des pays de l’UE, notamment en Scandinavie, mais restent utilisées dans d’autres.

> Des incertitudes demeurent

Selon l’étude, menée sur des données de 2010, le plus gros des coûts, estimés en dépenses de santé et perte de productivité, découle de l’impact neurologique des perturbateurs endocriniens, chiffré à 132 milliards d’euros. Les pesticides sont les principaux responsables de l’addition globale, avec une part de 120 milliards.

Il s’agit « pour l’essentiel d’une interprétation et une spéculation informée, et personne ne doit perdre cela de vue », a relativisé Richard Harpe, spécialiste en reproduction masculine à l’Université d’Edimbourg, dans une première réaction rendue publique en Grande-Bretagne. « Nous travaillons sur des probabilités et savons qu’il y a des incertitudes, mais cette étude est un début », a répondu Martine Bellanger, professeur à l’École des hautes études en santé publique en France.

Les auteurs précisent que leur objectif est « de livrer une estimation du bénéfice sanitaire et économique d’une régulation des perturbateurs endocriniens en Europe », alors que la Commission européenne a entrepris un passage en revue de sa législation en la matière. Mais ce nouveau cadre réglementaire, qui pourrait conduire à l’interdiction d’une large gamme de pesticides, isolants alimentaires ou composants de cosmétiques, a été renvoyé à 2016.

Justifié à Bruxelles par la complexité scientifique et économique du dossier, ce délai alimente des critiques croissantes contre l’exécutif européen, accusé de vouloir ménager l’industrie chimique. La Commission est même visée devant la justice européenne par un recours en carence intenté cet été par la Suède, et soutenu par l’ensemble des États membres.

AFP