Gotlib, l’auteur de BD, père de Gai Luron, est mort dimanche à l’âge de 82 ans, ont annoncé les éditions Dargaud.
« La famille de Marcel Gotlib vient de nous apprendre le décès ce jour de Gotlib », a indiqué l’éditeur qui fait part de son « immense tristesse ».
« Les millions de lecteurs ayant appris à rire dans les pages de la Rubrique à brac, des Dingodossiers ou de Gai Luron perdent un humoriste fascinant, un dessinateur virtuose, un touche à tout iconoclaste et un ami cher qui parvenait à provoquer le rire à la moindre de ses pages », a ajouté Dargaud.
A la fois dessinateur et scénariste, Marcel Gottlieb – son nom sera francisé plus tard- était né à Paris en 1934 dans une famille d’origine juive hongroise. Il a travaillé avec Franquin, René Goscinny, Albert Uderzo et Mandryka. Il a fondé ou cofondé plusieurs revues, comme L’Écho des savanes en 1972 et Fluide glacial en 1975.
Plus qu’un maître, Gotlib a été le père spirituel de milliers de jeunes gens qui ont découvert avec lui la dérision et la liberté de rire de tout. Mais c’est aussi un homme blessé, par son histoire familiale, son enfance sous l’Occupation et la perte d’amis disparus trop tôt. Ce petit homme gouailleur, pudique et chaleureux, ne dessinait pratiquement plus depuis le milieu des années 1980, fatigué d’avoir trop donné. Avant de baisser les crayons, il avait passé plus de 30 ans de sa vie, dix heures par jour, à sa table à dessin pour créer sa progéniture de papier : Gai-Luron, le chien triste, Hamster Jovial, le scout rock’n’roll, Pervers Pépère, le vieux dégueulasse, ou Superdupont, son super-héros tricolore à béret basque inventé avec Lob.
Gotlib a appris à rire avec les films des Marx Brothers, ses frères d’humour et de dérision. Une statue de Woody Allen trônait dans son bureau.
En quatre ans, il dessinera plus de 500 planches pleines d’animaux bizarres et de personnages hilarants. Mais avec un seul vrai héros : lui-même. Car Gotlib est le premier auteur de BD que les lecteurs reconnaissent dans la rue parce qu’il se dessine en personne dans ses planches. De préférence sur un trône, avec une couronne de lauriers. Un truc pour exorciser sa timidité : « Je suis extrêmement complexé. J’avais l’impression de me venger en faisant le con, en me montrant magnifique sur mon trône », disait-il.