Double tenant en titre de cette Coupe de Luxembourg de handball, Käerjeng se rend samedi soir à Esch pour une rencontre en quarts qui a tout d’une finale avant l’heure.
Samedi 21 mai 2016, centre sportif d’Oberkorn. Il est un peu plus de 22h et Käerjeng vient de se faire chiper le titre de champion de Luxembourg par les Red Boys, lors de l’ultime journée du play-off titre de Sales-Lentz League. Adossé au pied de la tribune, Riccardo Trillini voit les Differdangeois s’enfoncer dans le couloir menant aux vestiaires, le trophée sous le bras. Après avoir livré ses impressions sur cette «finale», le technicien italien change brusquement de sujet et interpelle son interlocuteur : « Au fait, ils veulent gagner quoi les Eschois la saison prochaine ? Non parce qu’avec leur recrutement, ils doivent jouer autre chose que le championnat de Luxembourg… »
À vrai dire, le HB Esch joue sur tous les tableaux : championnat, coupe de Luxembourg et, peut-être même la Challenge Cup, compétition pour laquelle le club s’est qualifié aisément pour les 8e de finale aux dépens des Israéliens du Ramat Hasharon. Si pouvoir choisir est un luxe, le club présidé par Jos Theysen est monté en gamme en se donnant les moyens cette saison de ne pas avoir besoin de choisir. « Ce n’est quand même pas interdit de rêver? », déclarait d’ailleurs, dans notre édition du 25 novembre, son ambitieux patron dont le fantasme est de hisser un jour le club dans les poules de la Ligue des champions. En attendant, il souhaite simplement le conduire au doublé coupe-championnat.
Veszprem, Euripide et Vasilakis…
Vendredi, Riccardo Trillini se posait bien des questions à la veille du premier vrai match à enjeu de la saison. Si beau fut l’exploit réalisé en septembre dernier aux dépens de Vojvodina en Coupe EHF, un succès ce samedi soir à Lallange se révélerait bien plus important. Et, au vu de la forme et des prestations affichées par Esch, il constituerait une autre remarquable performance. Pour cela, Trillini s’est coltiné des heures de vidéos au point de s’en faire pleurer les mirettes. Entre deux séances, il posta sur Facebook cette réflexion ne manquant pas d’humour : «Il serait plus facile de faire l’analyse vidéo de Veszprem que de Esch. Ils ont moins de joueurs !!!»
Si cette abondance de biens se situe à tous les secteurs de jeu, elle saute davantage aux yeux au niveau d’une base arrière considérée comme la meilleure du pays. « Avec Vasilakis, Jelinic, Muller, Bock et Kohl, ils ont cinq super joueurs! » Cinq éléments aux caractéristiques distinctes (« hormis pour Jelinic et Kohl qui se ressemblent ») auxquels vient s’ajouter Sacha Pulli qui, malgré son décalage à l’aile gauche, reste toujours impliqué dans le jeu. « Dans 50 % des cas, les actions partent de lui… »
Toujours sur le fameux réseau social, en réponse à la réflexion de son entraîneur et pour souligner son sens de la tactique, Chris Auger, son gardien, convoqua le poète Euripide (480-406 av J-C) : «On est bien fort quand on a le nombre. Mais invincible quand on a la ruse.» L’Italien, qui ne manque pas d’audace sur le plan tactique, a-t-il trouvé la clé? Pour éviter de dévoiler ses plans, l’intéressé dit ne pas être convaincu par une «individuelle sur Vasilakis», puis change de sujet : « On parle beaucoup de l’attaque d’Esch, mais sa défense est presque complète… » Ce «presque» suppose que ce rideau défensif, pris à revers 39 fois seulement en 120 minutes contre le Ramat Hashron, a quelques failles. « La présence ou non de Vasilakis n’est pas sans conséquence », estime Trillini qui, en dehors des qualités évidentes du Grec, se méfie également du pouvoir de persuasion de celui-ci sur le corps arbitral. « Il a une notoriété et un certain charisme. Il sait en jouer… »
Samedi soir, Käerjeng croisera pour la première fois cette saison la route du HB Esch. De quoi permettre à Riccardo Trillini d’avoir les dernières réponses aux questions qu’il se posait il y a 196 jours…
Charles Michel