Une campagne de sensibilisation au phénomène de la traite des êtres humains a été lancée jeudi par le ministère de la Justice et celui de l’Égalité des chances. Prostitution, travail des enfants ou travail forcé : le pays n’échappe pas au phénomène.
L’expression «traite des êtres humains» désigne «le recrutement, le transport, le transfert, l’hébergement ou l’accueil de personnes, par la menace ou le recours à la force ou à d’autres formes de contraintes» dans le but de les exploiter – les prostituer, les forcer à travailler, mendier, vendre leurs organes – pour en retirer un bénéfice. À ne pas confondre avec le trafic illicite de migrants, qui est fondé sur le transport des personnes. La traite des personnes est basée, elle, sur l’exploitation.
Le ministre de la Justice, Félix Braz, peut s’appuyer sur un arsenal juridique existant. La traite des êtres humains constitue une infraction pénale et est passible de sanctions sévères (peine d’emprisonnement de trois à dix ans et amendes pouvant s’élever à 100 000 euros).
La campagne, qui s’appuiera sur des spots diffusés dans différents médias (télévision, radio et cinéma), a été organisée par le Comité de suivi de la lutte contre la traite des êtres humains. Le comité est composé de représentants des ministères concernés, des autorités judiciaires, de la police et des services d’assistance aux victimes de la traite. Sa mission consiste à mettre en place le suivi et la coordination des activités de prévention ainsi que l’évaluation du phénomène de la traite. Le comité consacre en outre ses efforts à sensibiliser le public sur ce phénomène.
Le comité avait déjà publié en 2014 une première brochure d’information sur la traite des êtres humains, brochure qui est toujours diffusée dans plusieurs endroits publics. Par le lancement de l’actuelle campagne d’information et de sensibilisation nationale en matière de lutte contre la traite des êtres humains, le Luxembourg poursuit ses efforts dans ce domaine.
Sensibiliser le grand public pour réagir
Si le phénomène n’est pas endémique au Luxembourg, les ministères ont jugé important d’attirer l’attention du grand public pour qu’il réagisse et surtout identifie des cas de traite d’êtres humains. En 2009, par exemple, un cas de travail forcé d’une jeune femme Chinoise a été relevé. Entre 2010 et 2016, quatre enquêtes ont été menées sur de la mendicité organisée.
Dans ces cas-là, la principale difficulté réside dans l’identification, c’est-à-dire dans le fait de distinguer des personnes qui mendient pour leur famille sans véritable pression et des gens qui sont obligés de ramener une somme d’argent chaque jour. La mendicité forcée est difficile à distinguer de la mendicité pour des raisons économiques : elle prend souvent l’apparence d’une exploitation familiale, mais relève généralement d’une organisation plus importante combinant d’autres formes de traite.
Au Grand-Duché, il y a actuellement 30 enquêtes en cours. Deux tiers concernent des cas de prostitution et un tiers du travail forcé. Force est donc de constater que le problème est donc bien une triste réalité aussi au Luxembourg. Le gouvernement a mis 90 000 euros dans cette campagne médiatique de sensibilisation qui aura lieu tout au long du mois de décembre au moins.
Audrey Somnard