Les choses se sont brutalement accélérées mardi pour le Messin Serge Atlaoui, condamné à mort.
Sabine Atlaoui a pu voir mardi son mari Serge, condamné à mort en Indonésie. (Photo : archives RL)
Sabine Atlaoui a visité mardi son mari Serge, à la prison de Nusakambangan, alors que deux Australiens condamnés à mort comme le Lorrain sont transférés aujourd’hui sur la même île du sud de Java, en vue de leur exécution.
L’Indonésie semble sourde à toute forme de pressions diplomatiques et déterminée à exécuter les trafiquants de drogue étrangers, dont le Lorrain Serge Atlaoui. Le président Joko Widodo a réaffirmé lundi, devant les élèves d’une école militaire en visite au palais présidentiel à Djakarta, que rien n’arrêterait le processus.
Le compte à rebours s’est accéléré brutalement mardi : reporté de plusieurs semaines en février, le transfert d’Andrew Chan, 31 ans, et Myuran Sukumaran, 34 ans, de leur prison de Bali vers Nusa Kambangan, lieu désigné pour leur exécution capitale, est prévu aujourd’hui vers midi heure locale. La (très) mauvaise nouvelle est tombée dans la matinée, alors que la mère de Sukumaran et le frère de Chan venaient de leur rendre visite dans leur prison de Denpasar, où ils étaient détenus depuis dix ans après leur condamnation à mort en 2005 pour trafic d’héroïne entre Bali et l’Australie.
Dans le même temps, le procureur général HM Prasetyo a répété que « les appels déposés en justice ne retarderaient pas la procédure ». Selon lui, les préparatifs pour l’exécution de dix à onze détenus dans le couloir de la mort, dont le Lorrain Serge Atlaoui, seraient prêts « à 95 % ».
> « Je vois ses yeux, les enfants dans ses bras »
Une immense vague d’émotion s’est propagée dans toute l’Australie. Plusieurs journaux ont raconté dans le détail « leurs adieux » et « les affaires » laissées à leurs compagnons de cellule, selon le récit du directeur de leur prison de Bali. Les chaînes indonésiennes d’information continue repassaient en boucle, en milieu de matinée, les déclarations inflexibles de leurs dirigeants. Transportés par avion militaire, les ressortissants australiens seraient accompagnés de deux autres prisonniers de Bali et pourraient être exécutés avec six autres détenus originaires du Ghana, du Nigeria, du Brésil, d’Indonésie et de France. Probablement parmi eux, le Messin Serge Atlaoui.
Loin de cette subite poussée de fièvre autour de deux des « neuf de Bali » comme ils ont été surnommés, Sabine Atlaoui a retrouvé son mari Serge. Il a été arrêté en 2005, condamné à mort en 2007 et vit depuis au centre de détention de Pasir Putih, l’une des sept prisons de l’île de Nusa Kambangan, 121 km2 à fleur d’océan indien, recouverte d’une forêt luxuriante.
Depuis janvier 2013, deux ans qu’elle ne l’avait pas revu. « Il n’y a pas de mot pour vous expliquer ce que je ressens au moment où je l’aperçois, nous a confié Sabine Atlaoui. Je vois les enfants, dont le plus petit de quatre ans, sauter dans les bras de leur père. Je regarde ses yeux, je vois qu’il est heureux et je profite du moment. Plus rien d’autre ne compte sur terre. »
Après trois heures passées ensemble, Sabine, les trois enfants, un frère et une sœur de Serge Atlaoui ont repris le bateau pour gagner le port industriel sans âme de Cilacap, l’embarcadère pour l’Alcatraz indonésien. À l’hôtel, elle a découvert sur internet le transfert de Chan et Sukumaran. « Depuis neuf ans, j’ai appris à garder la tête froide, vous savez. Mais je vais voir si c’est réellement inquiétant. »
Alain Morvan en Indonésie (Le Républicain Lorrain)
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