Pour faire face à une pénurie de profils IT au Luxembourg, Start&Code forme des jeunes et des réfugiés aux langages informatiques.
Accrocher le wagon de la transformation digitale sans un bagage informatique classique pour trouver sa place sur un marché de l’emploi en demande de profils IT, c’est maintenant possible avec le programme Start&Code.
Savoir «coder» en cinq semaines, c’est possible avec l’initiative Start&Code. Les puristes seront plus mesurés, mais l’initiative, qui est née sous l’impulsion de Nicolas Hazard, fondateur d’INCO (un consortium mondial pour une nouvelle économie, inclusive et durable), financée par la fondation JPMorgan Chase et soutenue par le gouvernement, l’Adem et l’incubateur 6zero1 à Differdange, vise à donner les bases du codage informatique.
Le but étant de donner la chance à des jeunes, dont le curriculum vitae est jugé «difficile», mais également à des réfugiés, d’ouvrir les portes du marché de l’emploi et accrocher le wagon des opportunités qu’amène la transformation digitale dans notre société.
« Avec cette initiative, on tente de construire une économie plus inclusive, plus durable. L’idée est de travailler autour des nouveaux métiers qui sont créés par les nouvelles technologies et ses nouvelles opportunités. On s’est donc dit qu’effectivement, les nouvelles technologies, c’est très bien, on est dans une époque où l’on parle de digital, d’intelligence artificielle, etc. Mais pourquoi faire finalement? », interroge Nicolas Hazard.
« À quoi servent ses nouvelles technologies si l’on crée un monde qui exclut les plus fragiles, qui ne peuvent pas bénéficier de cette évolution et encore moins d’accéder à des emplois qui, in fine, améliorera leur qualité de vie. Start&Code a donc pour but de trouver des moyens pour que ces nouvelles technologies, cette transformation digitale, bénéficient aux plus fragiles et notamment ceux au bout du bout de la chaîne qui viennent juste d’arriver, comme des réfugiés », explique Nicolas Hazard.
Une pénurie de profils IT
Cette formation aux métiers du code et de l’intégration a présenté, hier, sa première promotion. « Le but ici, est de donner des bases à des jeunes n’ayant pas un bagage informatique traditionnel. Mais cette formation de quelques semaines n’est qu’une première phase, puisque l’objectif final de ce programme est l’insertion dans l’emploi », a souligné Nicolas Schmit, ministre du Travail, de l’Emploi et de l’Économie sociale et solidaire.
C’est là qu’intervient alors l’Adem, qui joue un rôle essentiel dans l’accompagnement vers l’emploi de ces jeunes. L’agence pour l’emploi, qui, depuis quelques mois, a mis l’accent sur les formations IT de demandeurs d’emploi pour faire face à la pénurie d’informaticiens (au sens large du terme), a présélectionné des chômeurs voulant se lancer dans un environnement informatique.
« Cette formation ne vise pas à former des informaticiens, des développeurs et autres pour qu’ils rentrent immédiatement sur le marché de l’emploi, même si certains ont déjà trouvé un débouché grâce à cette formation. Elle vise plutôt à familiariser les candidats avec ce monde du digital pour ensuite les intégrer dans des formations beaucoup plus poussées. Là encore, le but n’est pas d’accumuler les formations, mais bien d’ouvrir les opportunités vers un des secteurs les plus porteurs au Luxembourg », précise Isabelle Schlesser, directrice de l’Adem. Le meilleur exemple est sans doute celui d’Hussain, un réfugié syrien ayant suivi le programme Start&Code et qui, aujourd’hui, dispose d’un travail.
Il faut dire que le Luxembourg connaît, selon l’Adem, une réelle pénurie de profils IT. L’agence pour l’emploi, qui doit régulièrement répondre par la négative lorsque des entreprises demandent s’il y a des profils IT dans ses listes, a multiplié ses efforts pour proposer aux demandeurs d’emploi des formations ayant un lien avec l’informatique. Ceci dans le but de répondre favorablement aux demandes des entreprises.
Une pénurie qui pose également la question de l’intégration de compétences de base dans les programmes scolaires et dans l’orientation des étudiants dans leurs choix de cursus tant les métiers liés aux nouvelles technologies manquent de main-d’œuvre.
Jeremy Zabatta