Un poème écrit de la main d’Anne Frank, peu avant que l’adolescente juive ne se cache avec sa famille à Amsterdam, a été vendu mercredi aux enchères pour 140 000 euros. Son prix initial été fixé à 30 000 euros.
Le « lot 2390 », signé « En souvenir d’Anne Frank », a été attribué à un acheteur en ligne au bout de deux minutes d’enchères. La vente s’est déroulée dans une atmosphère agitée et tendue à la maison de ventes Bubb Kuyper, spécialisée dans les livres et le papier, située dans l’ouest des Pays-Bas. « Quelque part autour des 90 000 euros, tout est devenu nébuleux dans mon esprit. Je ne m’attendais pas à 140 000 euros. Je suis surpris, agréablement, bien sûr », a réagi Thijs Blankevoort, co-directeur de Bubb Kuyper, refusant de dévoiler l’identité de l’acheteur. A ses yeux, un tel montant « indique l’émotion avec laquelle les gens achètent et le symbole qu’était Anne Frank ».
A sa connaissance, « seuls quatre ou cinq » documents signés de la main de l’adolescente sont passés sous le marteau ces quarante dernières années. Daté du 28 mars 1942, le poème a été écrit quelques mois avant qu’Anne ne se cache avec ses parents et sa sœur dans l’appartement secret de l’entreprise familiale pour échapper aux nazis. Terrée pendant deux ans, de juin 1942 à août 1944, elle écrit alors l’un des ouvrages les plus lus au monde, vendu à plus de 30 millions d’exemplaires et traduit en 67 langues. Sa famille sera dénoncée et déportée. L’adolescente mourra du typhus début 1945, quelques jours après sa sœur, dans le camp de concentration de Bergen-Belsen.
Pour financer un projet « dans l’esprit d’Anne Frank »
Dédié à la sœur aînée de sa meilleure amie Jacqueline, Christiane van Maarsen, le texte a été écrit en néerlandais à l’encre noire dans un « livre d’amitié », carnet que conservaient précieusement les petites filles autrefois et dans lequel leurs amies écrivaient mots, poèmes et morales. Les quatre premières lignes ont probablement été recopiées d’un périodique de 1938. Les quatre lignes suivantes, dont l’origine n’a pas été déterminée, pourraient avoir été « composées par Anne Frank » elle-même.
Le poème a été mis en vente par Jacqueline van Maarsen. « Ma sœur, surnommée Cricri, avait déchiré cette page de son carnet de poésie et me l’avait donnée vers 1970 », a-t-elle expliqué, citée dans un communiqué de Bubb Kuyper. « Je sais que ma sœur n’était pas aussi attachée à ces vers d’Anne qui lui sont adressés que moi, et c’est la raison pour laquelle je les mets en vente ». Présent lors de la vente, son fils Maarten Sanders s’est dit ému. « Ma mère fera quelque chose de bien avec l’argent », a-t-il assuré, évoquant un futur projet « dans l’esprit d’Anne Frank ».
Le Quotidien/AFP