À l’époque de l’omniprésence des réseaux sociaux et des raccourcis intellectuels, la dispute des historiens (au Luxembourg, à propos des enseignements à tirer de la Seconde Guerre mondiale) n’est pas étonnante. La politique est sensible à l’opinion publique réductrice et n’invoque plus guère la cohésion sociale. Car règne de façon incontestée celui qui sait entretenir la division sociétale. Est particulièrement choquant le reproche de «jouer à faire l’amalgame» des victimes du national-socialisme : disons-le clairement, nous ne pensons pas que le peuple élu ait été la seule victime du national-socialisme.
Il y a eu aussi les communistes, les partisans et le peuple de l’URSS, les Roms, les homosexuels, les témoins de Jéhovah, des prêtres catholiques et protestants, les enrôlés de force au même titre que les maquisards, et parmi les pires: des enseignants. Certes, il y a eu des juifs communistes et des juifs homosexuels. Les combattants de Franco n’ont pas assassiné Federico Garcia Lorca ou Francisco Ferrer parce qu’ils étaient juifs.
Paradoxalement, Franco n’a pas persécuté les israélites. Il convient de ne pas traiter les fascistes autrement que de fascistes. Il plaît aux âmes égarées de l’extrême droite de notre pays de qualifier tout un chacun d’extrémiste de gauche qui ne partage pas leur avis national-conservateur. Il est encore plus aberrant de les rendre responsables de la montée de l’extrémisme de droite de la social-démocratie ou tous les autres adhérents des mouvements de gauche. C’est malheureusement bien dans la gauche elle-même qu’ont été initiés les mensonges. Les «amis» trotskistes persistent à reprocher aux staliniens l’échec de la République espagnole. À quoi bon empêcher quelconque réconciliation?
Jean Rhein