À cinq mois de la présidentielle, les Français étaient nombreux à se rendre aux urnes dimanche pour le premier tour de la primaire de l’opposition de droite, avec trois favoris au coude-à-coude: l’ancien président Nicolas Sarkozy et deux ex-Premiers ministres, Alain Juppé et François Fillon.
Plus de 2,5 millions de personnes avaient voté à 17 heures pour départager les sept candidats, selon des chiffres partiels recueillis par les organisateurs du scrutin. Et dans les fiefs de la droite, de longues files d’attente s’étaient formées devant les bureaux de vote.
« Les gens savent que c’est important car le candidat qui sera choisi aura des chances d’être élu en 2017 », soulignait Madi Latil, présidente d’un bureau à Nice.
Compte-tenu de son impopularité et de ses divisions, la gauche au pouvoir risque d’être éliminée dès le premier tour en avril 2017. Le duel final pourrait donc, selon les sondages, se jouer entre le candidat de la droite, sorti de cette primaire, et Marine Le Pen, la chef de l’extrême droite.
Celle-ci a le vent en poupe, portée par les inquiétudes liées aux attentats jihadistes depuis 2015 et à la crise migratoire qui ont remis ses thèmes de prédilection au centre du débat. Mais jusqu’à présent, les sondeurs estiment qu’elle ne sera pas en mesure de recueillir les 50% de suffrages nécessaires pour être élue.
Bien que de gauche, Nicolas Meunier, gestionnaire immobilier de 40 ans, a voté à Bordeaux (sud-ouest) pour « soutenir la démocratie avec ce qu’on a vu dernièrement avec Donald Trump » élu président aux Etats-Unis « et le Brexit » en Grande-Bretagne.
Le maire de cette ville, Alain Juppé, 71 ans, a longtemps été donné favori de la primaire de droite. Ancien Premier ministre de Jacques Chirac entre 1995 et 1997, il a mené bataille sur une ligne pondérée, refusant de « courir » derrière le Front national (FN) de Marine Le Pen ou de « dresser le peuple contre les élites ».
A l’inverse, l’ancien président Nicolas Sarkozy, battu en 2012 par le socialiste François Hollande, a mis un coup de barre à droite pour prendre sa revanche. Se présentant comme le « défenseur de la majorité silencieuse », il a centré son discours sur l’autorité, la sécurité, l’identité, l’islam.
Ce ton lui vaut un franc soutien dans les rangs des Républicains (41% des sympathisants du parti selon un récent sondage), mais ses sorties sur les « ancêtres gaulois » des Français ou « la tyrannie des minorités » ont détourné les sympathisants de la droite modérée et du centre.
Trois débats télévisés entre les candidats – six hommes et une femme- ont permis à un troisième homme, François Fillon, qui fut le discret Premier ministre de Nicolas Sarkozy pendant tout son mandat, de faire une remontée fulgurante dans les sondages ces derniers jours. Ce catholique, père de cinq enfants, porte un projet très libéral sur le plan économique et conservateur sur les questions de société.
La dernière enquête d’opinion, publiée vendredi, lui donne une légère avance avec 30% des intentions de vote, contre 29% à ses deux principaux rivaux.
« Je pensais accorder mon vote par anti-sarkozysme à Alain Juppé mais j’ai changé et décidé de voter pour François Fillon, je me suis plus retrouvé dans sa démarche », expliquait Gérard, un électeur lyonnais (centre-est) de 65 ans.
Pour participer à cette primaire, il fallait signer une charte engageant à partager les valeurs « de la droite et du centre » et verser deux euros. L’importante mobilisation était donc une bonne nouvelle pour le parti, dont les finances sont exsangues.
Alors que la France est en état d’urgence depuis les attentats du 13 novembre 2015 (130 morts), des patrouilles ont été renforcées aux abords des quelque 10.000 bureaux de vote qui ont fermé à 19 heures.
Les premiers résultats significatifs sont attendus vers 22h30.
Une fois les deux finalistes connus, s’engagera le processus de ralliement, tous les candidats ayant promis de faire connaître leur favori pour le second tour, prévu dimanche prochain.
Le Quotidien / AFP