Un débat tronqué

Avoir de la suite dans les idées est un des principes qui permettent sans doute le mieux d’avancer dans la vie. Ce même principe devrait être d’application lorsqu’on participe à un débat, que ce soit en face-à-face ou sur les réseaux sociaux, où la tendance à dénoncer tout et son contraire, trop souvent sous le couvert de l’anonymat, prend des dimensions de plus en plus inquiétantes.

À la base, une plus grande participation des citoyens au débat public, qui semble réservé aux «élites», est à saluer. Mais malheureusement, les discussions dépassent souvent les bornes et de véritables argumentations n’ont plus lieu d’être.

C’est précisément dans ce vivier de personnes qui semblent avoir mis de côté leur esprit critique, pourtant si important pour pouvoir faire la part des choses, que les populistes partent à la pêche. C’est avec leurs réponses simplistes à des questions complexes qu’ils mobilisent énormément d’électeurs. L’élection de Donald Trump à la tête des États-Unis est le sommet de cette nouvelle manière pitoyable de faire de la politique. Quel gâchis!

Mais il n’est pas temps de blâmer ceux qui sont tombés dans le piège tendu par le populiste. Ce choix, les électeurs devront l’assumer. Tout porte à croire qu’ils vont en effet rapidement déchanter. Le président élu ne semble en effet posséder aucun plan pour mettre en musique ses propositions surréalistes. Seul l’avenir pourra nous dire quelles seront les conséquences de ce saut dans l’inconnu.

Assumer, c’est aussi ce que doivent faire ceux qui au Luxembourg réclament une revalorisation de la langue luxembourgeoise, avec entre les lignes une déclaration de guerre à la langue française. Il en va de même pour ceux qui plaident pour une «croissance zéro». Nombre de ces citoyens, très remontés, ne semblent pas toujours avoir conscience des répercussions, notamment pour leur bien-être, qu’aurait une concrétisation de leurs idées. Cela est cependant essentiel pour mener un débat digne de ce nom. Débat qui doit aussi déboucher sur une amélioration des choses, même dans un Grand-Duché qui reste un îlot de prospérité, un fait trop souvent oublié !

David Marques (dmarques@lequotidien.lu)