Dans les heures précédant le séisme de la victoire de Donald Trump, les Américains du Luxembourg attendaient fébrilement les résultats tout en faisant part de leurs inquiétudes face à deux candidats qu’ils n’avaient pas forcément choisis. Notre reportage prend un goût amer ce mercredi matin.
L’élection de Barack Obama avait été historique en 2008, le recomptage des votes en Floride en 2000 avait été un vrai supplice… Mais cette année, l’élection américaine a eu un goût particulier. Pour les Américains du Luxembourg qui suivent forcément de loin ce qui se passe dans leur pays d’origine, il a fallu faire un choix, entre un candidat républicain subversif et une candidate démocrate.
Gabrielle Bourgeois a grandi au Luxembourg, mais elle a gardé la nationalité américaine de sa mère. Et tient à voter : «J’ai d’abord voté pour Bernie Sanders aux primaires démocrates de l’étranger dans le Grund. Puis, pour le vote à proprement parler, j’ai dû faire une demande de vote par correspondance et j’ai renvoyé mon bulletin par la poste. J’ai voté pour Clinton même si je ne suis pas une grande fan.»
«Un personnage de téléréalité»
Difficile pour elle de prendre cette élection comme les autres, l’enjeu est cette fois bien plus important : «En tant qu’Américaine, je suis inquiète, plus que pour n’importe quelle autre élection! Je n’arrive pas à croire que nous avons ces deux candidats, c’est vraiment devenu une blague de regarder les infos. Je ne crois pas qu’il y ait eu une élection comme ça auparavant. C’est vraiment une honte et l’idée de penser que quelqu’un comme Trump pourrait diriger le pays m’attriste.»
Gabrielle Bourgeois enchaîne en affirmant qu’«il y a encore quelques mois, je vous aurais dit que je n’étais pas inquiète du tout et qu’il n’y avait aucune chance que Trump passe. Mais maintenant, en regardant les sondages et ce qui s’est passé au Royaume-Uni pour le Brexit, je me dis que tout peut arriver. Pour être honnête, je serai contente quand tout sera fini, en espérant que Trump ne sera pas notre prochain président.»
«Je ne suis pas inquiet»
Will Bakker est à la tête du comité du Parti démocrate pour les citoyens américains résidant au Luxembourg. Il existe à travers le monde 55 comités de ce type. C’est Bernie Sanders qui a remporté les primaires pour les démocrates de l’étranger. Mais ces derniers se sont pour la grande majorité rangés derrière leur championne.
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D’après les estimations, environ 3 400 Américains vivraient au Grand-Duché, qu’ils soient affiliés démocrates, républicains ou indépendants.
Malgré les sondages confus qui annonçaient jusqu’au dernier moment une course serrée, Will Bakker est confiant : «C’est arrivé la dernière fois en 2012, les sondages donnaient une légère avance à Mitt Romney, donc je ne suis pas inquiet. Au-delà de la campagne elle-même, cette élection a révélé des dysfonctionnements au sein du gouvernement. En ce qui concerne le vote Trump, il faudra voir ce que les gens feront une fois seuls avec leur bulletin de vote. Je pense que des surprises sont encore à venir mais les rallyes de Trump n’étaient pas énormes, et puis il a fait tant de dommages aux institutions démocratiques. Beaucoup de gens le voient comme un personnage de téléréalité.»
«Je ne lui fais pas confiance»
Les ressortissants américains sont aussi très présents dans le milieu sportif du Grand-Duché. Mike Smith est l’entraîneur de l’équipe de basket de l’Arantia Larochette. Cette élection l’attriste notamment en raison de l’état de santé du camp politique : «Cela me fait un peu honte tout ce qui se passe aux États-Unis en ce moment. Le pays a vraiment fait un pas en arrière. Quand un type comme Donald Trump a une chance de prendre la tête du pays, je dois me demander si c’est un endroit dont je peux être fier. Les politiciens sont de plus en plus corrompus, c’est honteux», balance ainsi sans détour le coach.
Pour Billy McDaniel joueur de l’équipe de basket de l’Amicale Steinsel, présent depuis de longues années au Luxembourg, le vote ne fait pas de doute : «Trump n’est pas un politicien et je ne lui fais pas confiance. Hillary Clinton, elle, est une femme politique qui a beaucoup plus d’expérience.»
«Aucun des deux n’est le bon»
Pour Manny Atkins de l’équipe de Contern, qui est pour sa première année au Grand-Duché, le choix est également fait : «Les élections aux États-Unis sont vraiment une vaste blague. Cela me donne envie de faire venir ma famille en Europe (il rit)! Je vais voter pour Hillary mais pour être honnête, entre ces deux candidats, je pense qu’aucun n’est le bon pour le pays. On verra, mais ce qui est sûr c’est que Donald Trump est la dernière personne sur cette Terre que je voudrais voir à la tête des États-Unis.»
Audrey Somnard