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Le président Trump dit tout le contraire du candidat Trump


Donald Trump avait promis pour mardi un "Brexit puissance trois", et les électeurs le lui ont offert, plongeant l'Amérique et le monde dans l'incertitude. (photo AP)

Le républicain Donald Trump a déjoué tous les pronostics qui voyaient Hillary Clinton devenir la première femme présidente des États-Unis. Ses premiers mots dénotent fortement de ses discours habituels.

« Je serai le président de tous les Américains […] J’aime ce pays », a affirmé Donald Trump lors de sa première allocution officielle. Un premier pas vers la réconciliation avec une grande partie d’un peuple sous le choc ? Le président dit en tous cas tout le contraire du candidat, dans un discours policé où il promet d’entretenir des « relations honnêtes » avec les autres pays.

Ses premiers mots ont aussi été pour son adversaire démocrate sèchement battue, Hillary Clinton. Celle qu’il qualifiait il y a encore quelques jours de « menteuse, tricheuse, crapule » trouve désormais grâce à ses yeux. « Je viens de recevoir un appel de la secrétaire d’État Clinton. Elle nous a félicités (…) Et je l’ai félicitée, elle et sa famille, pour cette campagne très très durement disputée », a-t-il détaillé. « Hillary a travaillé très longtemps et très durement », a-t-il poursuivi, assurant que les États-Unis lui étaient « redevables » pour ses services.

« L’heure est venue pour l’Amérique de panser les plaies de la division », a-t-il dit sur un ton rassembleur.

Séisme et onde de choc

Excessif, impulsif, sans la moindre expérience politique, Donald Trump n’avait au départ aucune des qualités requises pour prétendre entrer à la Maison Blanche. Mais avec son énergie inépuisable et son égo surdimensionné, le milliardaire républicain de 70 ans a déjoué tous les pronostics lors d’une élection aux allures de séisme politique. Il sera en janvier le 45e président des États-Unis, le dirigeant de la première puissance économique et militaire du monde.

Il avait promis pour mardi un « Brexit puissance trois », et les électeurs le lui ont offert, plongeant l’Amérique et le monde dans l’incertitude.

A la faveur de discours décapants jouant sur les frustrations et insécurités des Américains blancs laissés-pour-compte de la mondialisation, il est devenu l’espoir du changement pour des millions d’entre eux.

Formidable animal politique

Et il a fait exploser un parti républicain à la peine pour comprendre ses électeurs, incapable de trouver la parade à la tornade populiste déclenchée par Trump. Plus que tous les caciques du Grand old Party, il a su capter l’humeur et la colère d’une partie du peuple américain. Sur elle, il a bâti son triomphe.

Avant de se lancer dans la campagne en juin 2015, Donald Trump était surtout connu pour son immense fortune, les tours, golfs et casinos à son nom, ses divorces pour tabloïds, et pour être l’animateur star d’une émission de télé-réalité.

Mais il s’est révélé être un formidable animal politique, héros populiste improbable, promettant de « rendre à l’Amérique sa grandeur » et d’y faire notamment revenir les emplois délocalisés en Chine ou au Mexique. Ses derniers propos de campagne lundi dénonçaient l’establishment, « l’élite politique qui a saigné à blanc notre pays ». Il a promis que l’Amérique serait sa « priorité ».

Le Quotidien/AFP