Le fou projet d’Augusto Cancela a pris vie, dimanche. Avec l’aide de volontaires, il a confectionné un drapeau portugais de 150 m2 avec des bouchons en plastique, dans le centre scolaire.
La rumeur avait parcouru le Luxembourg, ces derniers jours. Au point que de nombreux curieux se sont présentés, dimanche, à l’école de Harlange pour découvrir la création d’Augusto Cancela, qui a pris son envol après un lâcher de pigeons.
Point de Guinness Book ou de spécialistes des records en tout genre, dimanche, à Harlange, juste une bande de passionnés pour soutenir le doux dingue Augusto Cancela, 51 ans, né au Portugal, mais résident du Luxembourg depuis une vingtaine d’années.
Lorsqu’un chef de chantier a demandé, un jour, à cet ouvrier du bâtiment, de nettoyer les lieux et de ramasser les bouchons, lui est venue l’étrange idée de les conserver, un par un, jusqu’à se constituer une immense réserve.
«Cela faisait cinq ans qu’il accumulait les bouchons, note Ricardo Silva, du média lusophone Bom Dia. Il avait même reçu le soutien de collègues de Suisse, de Belgique, d’Allemagne, qui lui en ramenaient.» Une collection envahissante, consciencieusement triée par couleurs dans des sacs. Jusqu’à la victoire du Portugal en finale de l’Euro-2016, en France, au mois de juillet dernier, et l’idée de la célébrer avec un immense étendard en bouchons. «Il en avait déjà réalisé, mais jamais de cette taille», continue Ricardo Silva.
Alors, après quelques savants calculs et avec l’aide de sept comparses, Augusto s’est lancé, samedi matin, dans son grand œuvre : un drapeau de 10 mètres sur 15, réalisé sur le sol du Centre sportif et scolaire de Harlange, dans le nord du Grand-Duché.
Les bouchons pour la bonne cause
«Tout s’est bien passé, notait l’artiste à quelques minutes de la fin du projet. Nous avons un peu mal au dos car cela fait deux jours que nous sommes au travail, au point que certains ont fini allongés par terre.» Les bouchons n’ont en effet pas été collés mais posés un à un.
150 000
D’abord estimé à 135 000, le nombre de bouchons nécessaires à la réalisation du drapeau d’Augusto Cancela serait plus proche des 150 000. Soit près d’une tonne de plastique sauvé de la nature car, comme le note Ricardo Silva, «C’est aussi un projet qui porte une certaine conception de l’écologie.» D’autant que ces bouchons seront recyclés.
Au-delà de l’exploit, le drapeau servira aussi la bonne cause. Car il s’agit d’une œuvre éphémère, à l’image des mandalas des bouddhistes. Lorsqu’il sera démonté, avant la fin des vacances de la Toussaint, les bouchons seront collectés pour être envoyés aux associations qui les récupèrent pour acheter du matériel à des handicapés.
Mais avant, l’œuvre pourrait être présentée au public cette semaine. Dimanche soir, les organisateurs attendaient l’autorisation de la commune pour ouvrir le Centre sportif et scolaire pendant une journée cette semaine. De nombreux curieux ont manifesté leur volonté de découvrir l’exploit réalisé par Augusto Cancela et ses amis.
Christophe Chohin