Le centre Pompidou-Metz propose un focus sur l’œuvre d’Oskar Schlemmer, avec «L’homme qui danse». Peinture, ballet, arts plastiques : une synthèse absolue.
Jamais la synthèse des arts, tant défendue par l’école du Bauhaus, n’aura atteint une telle envergure. L’exposition n’est pourtant pas des plus vastes : un seul étage du Centre Pompidou-Metz. Mais quelle claque ! Le musée propose un focus sur l’artiste Oskar Schlemmer (1888-1943) jusqu’au 16 janvier. Peintre, chorégraphe, décorateur de théâtre : le natif de Stuttgart a révolutionné les «corps en mouvement». L’avant-gardisme du Bauhaus exulte chez Schlemmer, bourreau de travail et artiste festif. Sa création la plus marquante, le Ballet triadique, n’est rien de moins qu’un spectacle de danse de plusieurs heures présenté en 1922 après… dix ans de travail !
On retrouve dans l’exposition intitulée «L’homme qui danse» les personnages clés du fameux ballet, ainsi que des masques et des croquis. Ces derniers sont fascinants, même si, dès l’entrée, le visiteur est happé par les somptueux costumes de scène. Chez Schlemmer, tout est rigueur. Il vise une abstraction qui nécessite une maîtrise complète des matériaux, mais ses personnages polychromes donnent au final une place centrale à l’homme. C’est probablement ce qui séduit chez l’artiste.
Chacun de ses personnages appelle des sentiments connus – colère, raffinement, déception, joie. Subsiste cependant ce questionnement qui fait la jouissance de l’œuvre : on y retourne, comme dans un bon livre, et on y cherche le souffle premier de l’artiste. Les nombreux croquis balisent l’exercice. Le spectateur reste pourtant bouche bée face à une telle précision, une telle maîtrise des couleurs et des techniques, un tel élan. Sans autre réponse que le talent de l’artiste.
Hubert Gamelon