Le 22 octobre 2015, le lieu accueillait ses premiers demandeurs de protection internationale. Nous y sommes retournés un an après.
Dossier réalisé par Guillaume Chassaing
Une famille syrienne (un couple avec un enfant), un Irakien, un Albanais et un Camerounais. Le 22 octobre 2015, le hall 6 de Luxexpo accueille ses premiers demandeurs de protection internationale. Quelque 3 100 personnes ont été hébergées depuis dans le centre d’accueil des primo-arrivants.
Gérée par la Croix-Rouge luxembourgeoise, la structure a des missions bien précises : le premier accueil des demandeurs de protection internationale tout juste arrivés sur le sol luxembourgeois, répondre aux besoins des gens, orienter les réfugiés pour les démarches liées à leur demande de protection internationale et les transférer dans les autres foyers. Les demandeurs de protection internationale y sont hébergés au maximum 48 heures avant d’être logés dans d’autres foyers d’accueil.
«Ici, on gère l’urgence», rappelle Nadine Conrardy, responsable du service Migrants et Réfugiés de la Croix-Rouge luxembourgeoise. Et l’urgence a été intense durant les premiers mois d’ouverture du hall 6 de Luxexpo. «Il y a eu beaucoup d’arrivées au cours de l’automne dernier, surtout des Syriens, des Irakiens et des Afghans. C’était vraiment trois mois de grande urgence, confirme Nadine Conrardy. Le flux d’arrivées s’est calmé au cours de l’hiver et au printemps. À cause de la météo, mais sûrement aussi en raison de la fermeture de certaines frontières extérieures de l’Europe. Depuis le début de l’été, le nombre d’arrivées augmente. Il y a toujours des Syriens, des Irakiens et des Afghans, mais les pays des Balkans sont le plus représentés.»
Si, à première vue, le centre de primo-accueil du hall 6 de Luxexpo n’a pas beaucoup changé depuis son ouverture il y a un an, certaines modifications ont été apportées. Il y a un espace avec des tables où les gens peuvent s’asseoir pour discuter ou participer aux ateliers (d’initiation à la langue française essentiellement) proposés par les bénévoles, dont une soixantaine viennent régulièrement pour les ateliers et la distribution des repas : «Nous sommes toujours à la recherche de bonnes volontés», glisse la responsable du service Migrants et Réfugiés de la Croix-Rouge. Une navette quotidienne a également été mise en place pour emmener, dès le lendemain de leur arrivée, les demandeurs de protection internationale à la direction de l’Immigration (route d’Arlon). Un médecin et des infirmières assurent désormais des permanences deux à trois fois par semaine.
«Certains transferts vont être retardés»
La capacité d’accueil a aussi augmenté : les dix lits de camp par tente (il y en a toujours 36 au total) ont été remplacés par six lits superposés faisant passer la capacité d’accueil de 360 à 432 places maximum. «Mais nous n’avons jamais été complet, précise Nadine Conrardy. Il faut être préparé à toutes les éventualités. C’est une capacité maximale théorique. Elle nous permet de pouvoir offrir un peu d’intimité à une famille et de ne pas mettre les gens à douze dans une tente.»
Initialement, le hall 6 de Luxexpo devait être une structure d’accueil pour le primo-arrivants pendant un an, mais cette affectation vient d’être prolongée pour 2017. Et depuis la semaine dernière, la période maximum de 48 heures d’hébergement par demandeur de protection internationale peut être prolongée. Dix-huit enfants de Luxexpo sont même scolarisés depuis lundi à l’école précoce et fondamentale de Merl (1, rue Adam-Roberti).
«Aujourd’hui, le hall 6 de Luxexpo s’occupe de l’urgence et du premier accueil, confie Nadine Conrardy. Certains, les moins vulnérables, vont donc désormais restés plus longtemps ici. Mais il n’est pas prévu que le hall 6 devienne un foyer fixe, certains transferts vont juste être retardés.» Car certains foyers d’accueil arrivent à saturation, d’autres doivent prochainement fermer et de nouvelles structures d’accueil doivent être ouvertes. En attendant, le hall 6 de Luxexpo, qui comptait vendredi 136 locataires, est toujours le premier domicile luxembourgeois des demandeurs de protection internationale.
Un bilan officiel pour 2017
Sous la tutelle du ministère de la Famille et de l’Intégration, l’Office luxembourgeois de l’accueil et de l’intégration (OLAI) a pour mission de «mettre en œuvre et de coordonner la politique d’accueil et d’intégration, de faciliter le processus d’intégration des étrangers, de lutter contre les discriminations, de faire le suivi des migrations, d’encadrer les demandeurs de protection internationale et de gérer les structures d’hébergement».
Sur ce dernier point, si l’OLAI gère directement des foyers d’accueil des étrangers, il délègue aussi la gestion de certaines structures à la Croix-Rouge et Caritas.
Contacté au sujet du premier anniversaire du hall 6 de Luxexpo, l’OLAI a fait savoir que «le bilan officiel de ladite crise des réfugiés sera fait début 2017 par Corinne Cahen, ministre de la Famille, de l’Intégration et de la Grande Région, et Jean Asselborn, ministre des Affaires étrangères et européennes, de l’Immigration et de l’Asile».
Par ailleurs, l’OLAI indique que «d’ici là de nombreux changements sont encore attendus avec l’ouverture de nouveaux foyers et la fermeture de certains foyers provisoires».