Devenir pilote de chasse dans l’armée de l’air avec un simple baccalauréat, c’est possible. La preuve avec le parcours d’un jeune Messin, passé du rêve à la réalité.
A l’école, Quentin ne brillait pas franchement. Deux redoublements en collège, pas d’envie particulière quant à sa future orientation. Bref, le brouillard total. Et puis, un beau jour de juin 2007, lors d’un meeting sur la base de Nancy-Ochey, ébloui par le vol d’un Mirage 2 000, c’est LA révélation.
Le Messin n’a plus qu’une seule idée en tête : « Voler dans l’armée de l’air. » Décollage immédiat vers un bac S puis, « dans le doute », une classe prépa au lycée Fabert. Turbulences et nouveau plan de vol. Bien préparé et motivé, le jeune homme met le cap sur le bureau Air du Cirfa de Metz (Centre d’information et de recrutement des forces armées).
Tests psychotechniques, psychomoteurs, mais aussi aptitudes en maths et en anglais, les quatre jours de sélection à Bretigny-sur-Orge s’avèrent concluants.
« Il avait la fibre »
Avec son seul bac pour paquetage, le gamin revêt la tenue d’élève officier du personnel navigant. C’était en 2011. Cinq ans plus tard, à 26 ans, Quentin a concrétisé son rêve : il est pilote de chasse sur Rafale.
« Quand nous l’avons vu arriver, nous avons tout de suite senti qu’il avait la fibre. Quentin connaissait notre site internet par cœur, il avait pratiquement fait notre travail… », sourit le chef du bureau Air du Cirfa. Sa fierté est palpable. A l’heure du débriefing d’un parcours aussi exemplaire qu’inespéré, celle de l’aspirant Quentin l’est tout autant.
Souvenir de sa joie « intense » le jour où la réponse positive de son intégration dans la base école de Salon-de-Provence lui est confirmée. Formation militaire de base, premiers vols sur un petit Cirrus R20… Un an et demi plus tard, le Messin rejoint l’école de pilotage de Cognac, puis poursuit sa spécialisation « chasse » sur Alphajet, à Tours. Jusqu’à décrocher le Graal : son brevet et le fameux macaron de pilote de chasse, en juillet 2015.
Premier vol en août
Un aboutissement partagé dans la joie avec ses parents, son frère et des amis. Mais pas une fin en soi puisqu’avant d’être opérationnel, le militaire doit encore passer six mois de formation de transition à Cazaux. Depuis janvier, c’est fait et, dans la foulée, le Messin a été affecté à la base de Saint-Dizier et effectue son premier vol sur Rafale en août. « Ça y est, j’y suis ! » s’est-il dit au moment de poser ses fesses dans le cockpit.
« Pour être honnête, chaque fois que je regarde cet avion, je me dis surtout que c’est une sacrée bête capable d’atteindre les 1 800 km/h… »
Les missions de combat, « finalité du métier de pilote de chasse », ne sont pas encore pour demain. « Il me faudra encore de nombreuses heures de vols », confirme l’aspirant. En attendant, à chaque fois qu’il survole la région messine inscrite dans sa zone d’entraînement, Quentin réalise tout le chemin parcouru. Il lui a juste suffi d’un bac. Mais aussi d’une bonne dose de « mordant et de détermination ».
Marie-Odile Chéry (Le Républicain Lorrain)