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CETA : pas d’accord trouvé, Juncker « confiant » malgré tout


"Je ne désespère pas que nous trouvions une solution dans les prochains jours avec nos amis wallons", a déclaré Jean-Claude Juncker. (photo AFP)

Le sommet européen s’est achevé vendredi peu après 14 h sans accord sur l’accord de libre-échange avec le Canada. Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, s’est néanmoins dit confiant que cela sera chose faite « dans les prochains jours ».

Ce vendredi vers 16 heures, la ministre canadienne du Commerce Chrystia Freeland a quitté l’Elysette, le siège du gouvernement wallon. Elle a annoncé la fin et l’échec des discussions avec la Wallonie. Elle se déclare très déçue et parle d’une opportunité manquée.

Malgré un léger regain d’optimisme en début de journée, la Wallonie a persisté et finalement obtenu vendredi un (dernier?) sursis de la part de l’Union européenne pour accorder son feu vert au CETA. Dès midi, le ministre-président wallon, Paul Magnette, avait annoncé qu’un blocage subsistait concernant les tribunaux d’arbitrage, prévus dans le cadre du libre-échange UE-Canada. Le bras de fer sans merci avec les géants européens et canadiens joue donc les prolongations.

À l’issue d’un sommet européen, qui aussi en raison de la situation confuse autour du CETA, n’a pas permis à l’UE de sortir de sa « crise existentielle », le Premier ministre belge, Charles Michel, s’est dit « inquiet » sur la possibilité de trouver un accord avec la Wallonie jusqu’à jeudi prochain, date à laquelle le CETA doit être signé à Bruxelles.

Une réunion initialement prévue vendredi après-midi au niveau des 28 ambassadeurs des pays-membres à Bruxelles a finalement été reportée. Cela n’empêche pas Jean-Claude Juncker de rester « confiant qu’un accord avec la Wallonie pourra être trouvé dans les prochains jours ».

Bettel vole au secours de Michel

De son côté, le Premier ministre, Xavier Bettel, libéral tout comme son homologue belge, a volé au secours de Charles Michel, pointé du doigt par pas mal de membres de la famille européenne. « Il faut se rappeler que l’ancien Premier ministre Elio Di Rupo (NDLR : qui est socialiste tout comme Paul Magnette) a donné son accord à CETA en 2011 et 2014. On nous a confirmé lors du sommet, qu’il s’agit bien d’un différend politique belgo-belge », a ainsi lancé le chef du gouvernement luxembourgeois, tout en soulignant n’avoir « aucun regret » d’avoir plaidé pour un accord mixte.

« Si en fin de compte, la Wallonie parvient à obtenir des améliorations, cela ne pourra être que bénéfique pour les 28 », a précisé Xavier Bettel lors de sa conférence de presse de clôture.

Tous les efforts entrepris pour valider le CETA dès ce vendredi ont donc échoué. Déjà à son arrivée vendredi matin devant le bâtiment qui abrite le Conseil européen, le Premier ministre belge, Charles Michel, s’était montré peu optimiste. « Je ne suis pas rassuré parce que j’ai le sentiment qu’il y a une radicalisation des positions du côté du gouvernement wallon », a-t-il ajouté. « Nous sommes proches de l’heure de vérité, dans les heures qui viennent nous aurons de la clarté », a-t-il encore dit.

« La négociation est en cours, il n’y a pas de raison de dire que nous sommes dans l’impasse », avait nuancé de son côté le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, en arrivant quelques minutes plus tard au sommet.

« J’espère que le bon sens l’emportera, mais… »

Déjà dans la nuit de jeudi à vendredi, Jean-Claude Juncker avait fait part de son espoir que le « le bon sens va finir par l’emporter. Or je sais par expérience, que le bon sens n’est pas toujours équitablement reparti au niveau européen », avait-t-il lâché en exclusivité face à la presse luxembourgeoise. Visait-il la Wallonie, qui a longuement loué hier l’ouverture d’esprit de la Commission européenne mais aussi sa réaction tardive pour donner suite aux inquiétudes wallonnes? En tout cas, l’UE ne sort pas grandit de ce sommet.

À Namur, la résistance reste en tout cas de mise. Paul Magnette, a ainsi jugé vendredi «insuffisant» le résultat des négociations des dernières heures avec l’Union européenne et le Canada sur le CETA. «Il y a de nouvelles avancées significatives qui sont faites, notamment sur le dossier agricole. En revanche, il reste des difficultés pour nous, en particulier sur le dossier de l’arbitrage». « Or le timing qui nous est imposé est trop serré. Je n’ai pas encore réussi à convaincre Bruxelles de remporter le sommet UE-Canada prévu jeudi », a déploré Paul Magnette face aux députés wallons.

Selon les dernières rumeurs, un accord pourrait même encore intervenir dès ce vendredi. Le suspense reste donc encore entier, à Namur, Bruxelles et aussi au Canada.

De notre envoyé spécial à Bruxelles, David Marques (avec AFP)