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Luxembourg : un an de prison ferme pour tentative de meurtre sur son mari


(Illustration : F.A.)

La quadragénaire poursuivie pour tentative de meurtre sur son mari à l’été 2014 a été condamnée, jeudi après-midi, à dix ans de prison dont neuf avec sursis.

À la barre de la 13e chambre criminelle, la prévenue, Jeanette J. (44 ans), originaire des États-Unis, avait reconnu avoir porté un coup de couteau à son mari le 26 juin 2014 au soir dans leur appartement au Kirchberg. «Mais je ne suis pas d’accord avec le fait que j’ai voulu le tuer», avait-elle souligné.

Dans son malheur, il a eu de la chance.» Tels étaient les mots employés lors du procès par le médecin légiste chargé d’analyser la gravité et les conséquences des blessures de la victime. Après avoir reçu ce coup de couteau, le mari n’avait pas dû être opéré. Mais il avait passé trois jours en soins intensifs et était resté hospitalisé jusqu’au 4 juillet.

D’après l’enquête, des problèmes au sein du couple étaient à l’origine du coup de couteau. Le couple s’était marié en septembre 2013 aux États-Unis. Dans un premier temps, le mari avait rejoint seul le Grand-Duché pour le travail. Sa femme l’avait suivi en fin d’année. À la barre, Jeanette J. était revenue, pendant plus de deux heures, en détail sur la série d’incidents qui avaient rythmé leur vie de couple jusqu’au drame. De la découverte des photos de femmes sur l’ordinateur de son mari aux 200 SMS vus le 6 juin 2014 sur le portable de ce dernier, les disputes s’étaient succédé. Le suspectant d’être régulièrement en contact avec d’autres femmes, elle lui avait annoncé son intention de le quitter.

Le 26 juin 2014, le soir du drame, elle se serait sentie seule. Alors que son mari regardait du foot à la télévision, elle s’était informée sur internet sur la procédure de divorce et avait fait une recherche d’appartement. À la barre, Jeanette J. avait raconté avoir pris le couteau de cuisine de 29 cm dans le lave-vaisselle avec l’intention de se suicider dans la chambre. Quand, dans le couloir, elle avait rencontré son mari. «Est-ce que tu t’es comporté comme un bon époux ?», lui avait-elle lancé. «Quand il m’a dit que je n’étais pas non plus une bonne épouse, je l’ai poignardé.»

Selon l’expert en neuropsychiatrie entendu au cours du procès, la prévenue présentait des symptômes de dépression. Au moment des faits, elle se trouvait dans un état de stress aigu. «Il existe un doute quant à l’intention criminelle de Jeanette J. d’attenter à la vie de son mari. Je demande de l’acquitter de la tentative de meurtre», avait plaidé Me Philippe Stroesser. Selon lui, malgré leurs problèmes relationnels récurrents, il n’y a jamais eu aucune menace physique ou verbale de la part de sa cliente. «Le jour des faits, elle cherche un appartement sur internet. C’est ça qu’elle a en tête, non pas de résoudre le problème avec la violence.»

Les circonstances atténuantes retenues

Me Stroesser avait argumenté que si sa cliente avait le couteau sur elle, c’était pour l’utiliser contre elle-même. Il avait rappelé que quelques minutes avant le drame, elle était en contact avec sa sœur aux États-Unis. «Elle lui dit qu’elle va se suicider et elle envoie un mail avec tous ses codes de comptes bancaires. On ne va pas dire que c’est une mise en scène. C’est du sérieux.»

Or d’après le parquet, plusieurs indices démontraient que Jeanette J. avait l’intention de tuer son mari : «Elle ne l’a pas seulement poignardé, elle a fait consciemment un pas en avant.» Il parlait d’un geste déterminé sans désistement volontaire : «Après l’avoir poignardé, elle n’a pas lâché le couteau aussitôt.» Le substitut avait fini par requérir douze ans de réclusion à l’encontre de la prévenue. Étant donné que les experts avaient conclu que la prévenue n’était pas complètement responsable de ses actes (art. 71.1 du code pénal), le parquet était d’avis qu’elle pouvait bénéficier de circonstances atténuantes.

Dans son jugement, la 13e chambre criminelle est finalement restée en dessous des réquisitions du parquet et a condamné la quadragénaire à dix ans de prison dont neuf avec sursis en retenant l’article 71.1. À noter qu’elle a déjà passé huit mois en détention préventive.

Elle a 40 jours pour faire appel.

Fabienne Armborst

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