Sanctionné pour une énième incartade, l’incontrôlable Australien Nick Kyrgios a accepté lundi de consulter un psychologue « pour s’améliorer sur et en dehors du court » à la demande de l’ATP, sous peine d’être suspendu jusqu’au 15 janvier.
Balles « cadeaux » pour son modeste adversaire allemand Mischa Zverev, refus de retourner un service, injure envers un spectateur qui le sifflait pour son manque d’investissement : le non-match de Kyrgios, mercredi au deuxième tour du Masters 1000 de Shanghai, a été l’écart de trop pour l’Association des joueurs professionnels de tennis. Elle a donc décidé de marquer le coup avec le jeune loup du circuit, coutumier des coups de sang à 21 ans. Pour son « comportement anti-sportif », il sera éloigné des courts pendant au minimum trois semaines, jusqu’au 7 novembre, à condition d’entamer un travail « avec un psychologue du sport ». Huit semaines s’il refuse.
Nick Kyrgios har stängts av åtta veckor efter sitt osportsliga uppträdande mot Mischa Zverev i Shanghai Masters. https://t.co/XNzv8DZgGC
— TV4 Sport (@TV4Sport) 17 octobre 2016
Le « Kid de Canberra », qui a aussi écopé de deux amendes d’un montant total de 41 500 dollars (37 750 euros) a accepté de « s’entourer des conseils d’un professionnel », selon la Fédération australienne qui va l’aider « à s’améliorer professionnellement et personnellement ». « Je respecte et je comprends la décision de l’ATP. Je vais utiliser cette période sans compétition pour m’améliorer sur et en dehors des courts », a affirmé dans un communiqué l’intéressé qui a « hâte de revenir en 2017 ». Car cette saison est d’ores et déjà terminée pour lui.
Capable du meilleur comme du pire
Avec une suspension réduite, il ne foulerait de nouveau les courts que le 7 novembre, au lendemain de la finale du Masters 1000 de Paris. Conséquence : il ne pourrait pas défendre ses chances de se qualifier – pour la première fois – pour le Masters (13-20 novembre à Londres), le dernier tournoi de l’année qui rassemble les huit joueurs les mieux classés. « Je regrette que mon année se termine de cette manière (…) C’était un objectif important pour moi », a souligné Kyrgios, considéré comme un futur grand du tennis mais capable du meilleur comme du pire.
En l’espace de quatre jours, il a encore montré ses deux facettes. Côté pile en remportant dimanche 9 octobre le tournoi de Tokyo, son troisième titre de la saison et de sa carrière. Côté face en balançant son match à Shanghai contre Zverev, alors 110e mondial et issu des qualifications, vainqueur en deux petits sets (6-3, 6-1). Kyrgios avait quitté le court sous des huées. « Je ne leur dois rien », avait-il rétorqué.
Lundi, il a « présenté des excuses » et expliqué son emportement par une fatigue physique et psychologique. Il l’a attribuée « aux voyages » et aux efforts qu’il a dû faire après l’US Open pour revenir de blessure et « relever des défis » comme tenter de se qualifier pour le Masters. En juin 2015, la révélation de Wimbledon 2014, où il avait atteint les quarts de finale en battant Rafael Nadal (à 19 ans), avait déjà fait part d’un certain mal-être dans la presse liée à la pression du haut niveau. Il avait soutenu ne pas aimer le tennis « tant que cela » et préférer le basket. Serait-ce l’une des raisons de ses multiples incartades ? Avant l’épisode de Shanghai, le joueur au service supersonique et aux tenues « flashy » avait déjà écopé d’amendes pour des coups de sang, à Wimbledon entre autres. Il avait aussi insulté Stan Wawrinka à Cincinnati en août 2015 et avait refusé de disputer les Jeux de Rio en raison d’un conflit avec le Comité olympique australien.
Autant de dérives qui ne passent pas inaperçues, surtout dans un univers aussi aseptisé que le tennis. Après avoir condamné son comportement à Shanghai, le patron de l’ATP Chris Kermode a émis le souhait que Kyrgios, « avec de l’aide » soit capable d’utiliser son « talent phénoménal de manière constructive sur le circuit ».
Le Quotidien/AFP