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La famille grand-ducale à Verdun : un exemple face à l’Histoire


Le Grand-Duc a allumé la flamme du souvenir à l'Ossuaire de Douaumont. (photos JC Ernst et Olivier Polet)

Dans le cadre de la commémoration du centenaire de la bataille de Verdun, le couple grand-ducal et le couple héritier se sont rendus mercredi à Verdun, en présence de deux classes de lycéens luxembourgeois, pour se recueillir et parler de paix dans un contexte difficile marqué par les crises en Syrie et en Ukraine.

C’est à l’Ossuaire de Douaumont que la famille grand-ducale s’est d’abord recueillie en présence d’autorités françaises. Mais elle a aussi participé à une conférence sur les acteurs de la paix et l’importance de la diplomatie.

Cent après la Première Guerre mondiale, que reste-t-il de l’héritage de Verdun? C’est à cette question que tente actuellement de répondre l’exposition «Les Artisans de la paix» au Centre mondial de la paix de Verdun. On peut se dire qu’avec l’arrivée de la Seconde Guerre mondiale 30 ans plus tard, à première vue, la leçon de la Première Guerre mondiale n’a pas été tirée.

Cependant, l’exposition retrace le travail inlassable de la diplomatie et illustre la force du dialogue pour éviter que des conflits locaux ne s’étendent à un niveau national et mondial. Si le Luxembourg est un acteur actif de cette exposition, avec notamment des cadeaux officiels reçus et offerts par le couple grand-ducal ou les Premiers ministres (Jean-Claude Juncker et Xavier Bettel).

Gérard Longuet, sénateur de la Meuse et ancien ministre, est revenu sur le rôle du Luxembourg dans la diplomatie, notamment européenne : « Il faut connaître son pays, c’est comme avec ses parents. Lui porter une grande affection, mais garder de la lucidité. Les Luxembourgeois ont une grande capacité d’adaptation, ils réagissent très rapidement. Le Grand-Duché a une place singulière en Europe. Quand les choses deviennent difficiles au sein du couple franco-allemand, le tiers de confiance pour rétablir la communication c’est toujours le Luxembourg. Sa présence est indispensable .»

À l'Ossuaire de Douaumont : le couple grand-ducal, le couple héritier, une classe du lycée Aline-Mayrisch et une autre du Nordstad-Lycée.

À l’Ossuaire de Douaumont : le couple grand-ducal, le couple héritier, une classe du lycée Aline-Mayrisch et une autre du Nordstad-Lycée.

«Occupe-toi de Poutine, moi je ne lui parle pas!»

Un rappel sur le déroulé des évènements qui ont précédé la Première Guerre mondiale ont été rappelés par Laurent Parisot, journaliste à France 3 Lorraine, en présence de lycéens luxembourgeois et français. Lors de la deuxième partie de cette conférence, un parallèle avec la crise actuelle en Ukraine a été fait par Alexandre Escorcia, conseiller en affaires stratégiques et de sécurité au ministère des Affaires étrangères français. Et c’est là que le Grand-Duc a pu faire part de son expérience lors de son allocution. Car il était présent au moment du 70 e anniversaire du débarquement en Normandie.

En 2014, en pleine crise ukrainienne, les tensions sont palpables entre Russes et Occidentaux : « C’était une belle journée, mais on pouvait clairement sentir les tensions dans l’air. À table, j’ai été placé à côté de Vladimir Poutine, qui n’avait pas serré la main du président américain. La reine du Danemark était de l’autre côté du président russe et elle m’a dit : « Occupe-toi de Poutine, moi je ne lui parle pas! » J’étais donc un peu coincé. Il était déjà venu au Luxembourg lors de son premier mandat et nous avons conversé en allemand, langue qu’il maîtrise très bien, ce qui a permis de nous passer d’interprète. Je lui ai supplié de garder le dialogue ouvert. Il m’a refait l’histoire de 200 ans de l’Ukraine, il connaît parfaitement le pays. Contrairement aux communistes qui débitent leur monologue, on peut parler avec Poutine. J’ai ensuite vu le président Obama se précipiter sur lui et lui serrer la main chaleureusement. C’est là que j’ai compris l’importance de ce genre d’évènement », a raconté le Grand-Duc.

La famille grand-ducale a visité l'exposition «Les artisans de la paix», au Centre mondial de la paix.

La famille grand-ducale a visité l’exposition «Les artisans de la paix», au Centre mondial de la paix.

Symbole de la résistance

Verdun est désormais vu aujourd’hui comme un symbole de résistance et d’exemple face à la crise ukrainienne par exemple. Pour le conseiller Alexandre Escorcia, il n’y a pas de réponse simple pour apporter la paix. Il est revenu sur l’annexion de la Crimée par les Russes à la mi-2014, ces derniers ne reconnaissant pas les autorités de Kiev. Les commémorations du 70 e anniversaire du débarquement ont permis de rétablir le dialogue, comme l’a expliqué le Grand-Duc lors de son allocution.

Le Grand-Duc est revenu sur des anecdotes du 70e anniversaire du débarquement.

Le Grand-Duc est revenu sur des anecdotes du 70e anniversaire du débarquement.

Le couple franco-allemand et des trésors de diplomatie ont fait le reste : « Il y a eu un investissement fort sur le dossier ukrainien , explique Alexandre Escorcia. L’évènement a permis aux Russes et aux Ukrainiens de se rencontrer et de faire baisser l’intensité des combats et aboutir à un cessez-le-feu, même s’il est loin d’être parfait ».

Les subtilités de la diplomatie ont peut-être échappé aux lycéens. En tout cas, pour certains, la Première Guerre mondiale a été étudiée en cours, et les champs de croix représentant les jeunes soldats morts au combat les ont impressionnés. Les sites de Douaumont et Verdun permettent de donner une réalité à ce qui a été vu dans les livres d’histoire. Et de songer qu’une crise aux portes de l’Union européenne, comme c’est le cas en Ukraine actuellement, peut avoir des conséquences dramatiques si le conflit régional s’étend à toute l’Europe.

Audrey Somnard

Photo symbole devant le Centre mondial de la paix.

Photo symbole devant le Centre mondial de la paix.