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Les Pays-Bas veulent autoriser l’aide au suicide après « une vie accomplie »


"Les personnes qui pensent, après avoir mûrement réfléchi, avoir achevé leur vie, doivent, sous de strictes conditions et des critères précis, être autorisées à finir leur vie d'une manière qu'ils considèrent digne", ont affirmé les ministres de la santé et de la justice des Pays-Bas. (photo AFP)

Les Pays-Bas, qui ont légalisé l’euthanasie, envisagent désormais d’autoriser l’aide au suicide pour les personnes âgées ayant le sentiment d’avoir « accompli » leur vie, ont indiqué jeudi deux ministres.

« Les personnes qui pensent, après avoir mûrement réfléchi, avoir achevé leur vie, doivent, sous de strictes conditions et des critères précis, être autorisées à finir leur vie d’une manière qu’ils considèrent digne », ont affirmé les ministres de la santé et de la justice, dans un communiqué et dans une lettre envoyée au parlement.

Etant donné que le sentiment de « vie accomplie intervient principalement chez les personnes âgées », le nouveau système leur sera réservé, ont affirmé les deux ministres, sans pour autant préciser d’âge spécifique. Ces personnes « ne voient plus de possibilité pour donner un sens à leur vie, vivent mal leur perte d’indépendance, ont un sentiment de solitude à cause peut-être de la perte d’un être cher, sont incommodées par une fatigue totale, une perte de valeur personnelle », assurent-ils.

« Mais pour pouvoir mettre en place leur fin de vie, elles ont besoin d’aide ». Un « assistant à la mort », une personne avec une éducation médicale et des formations spécifiques, devra autoriser la procédure après avoir exclu qu’un traitement puisse effacer ce « souhait de mort ». Comme pour les euthanasies, les procédures seront ensuite examinées par une commission spécialisée.

Avec la Belgique, les Pays-Bas ont été en 2002 le premier pays au monde à légaliser l’euthanasie. Mais pour autoriser la procédure, le médecin, au centre du processus, doit avoir la conviction qu’il n’existe pas d’autre solution raisonnable pour le patient et que la souffrance doit être « insupportable et sans perspective d’amélioration ».

Ces dispositions, qui peuvent être sujettes à interprétation, font régulièrement l’objet d’un débat aux Pays-Bas et sont souvent critiquées à l’étranger : certaines maladies mentales ou la démence peuvent être considérées comme « souffrance insupportable ».

L’aide au suicide est elle illégale mais en 2013, un homme ayant été reconnu coupable d’avoir aidé sa mère âgée de 99 ans à se suicider en lui procurant des médicaments n’avait pas été puni par les juges, estimant qu’il « avait agi par amour ».

En 2015, les Pays-Bas ont enregistré 5.516 cas d’euthanasie, soit 3,9% des décès dans le pays, contre 3.136 cas cinq ans plus tôt. Parmi ces personnes, plus de 70% souffraient de cancer, et 2,9% de maladies psychiatriques ou de démence.

Le Quotidien / AFP