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Assou-Ekotto (FC Metz) : « Mieux vaut se taire et être fort sur le terrain »


Benoît Assou-Ekotto : « On ne me paie pas pour prendre du plaisir. » (photo Pascal Brocard / RL)

La parole de Benoît Assou-Ekotto est rare, mais d’une fraîcheur bienvenue. Après une décennie anglaise, l’ex-défenseur de Lens se livre.

Le Stade Vélodrome évoque-t-il quelque chose pour vous?

Benoît Assou-Ekotto  : Vous voulez que je vous dise que c’est une ambiance fantastique?

Non, ce que vous pensez vraiment…

Bah, il ne m’a pas inspiré plus que ça. C’est un stade comme un autre, avec peut-être un peu plus de bruit.

Trouvez-vous la L1 changée depuis votre départ en 2006?

Elle a changé car j’ai connu autre chose et je suis revenu plus vieux. À l’époque, des joueurs me semblaient super forts. Maintenant, je vois des jeunes qui sont super forts (il sourit) . Sinon, j’ai une éducation footballistique plutôt anglaise, j’essaie de m’adapter tous les jours.

Qu’entendez-vous par là?

En Angleterre, même les équipes du bas de tableau jouent vachement au football. Avec ce jeu porté vers l’avant, tu prends plus de plaisir. Si tout le monde veut y aller, c’est qu’il y a une raison. Peu de joueurs font le chemin inverse. Moi, je l’ai fait parce que je viens d’ici, mais on voit peu de Brésiliens ou d’Argentins quitter l’Angleterre pour jouer en France.

Mais vous le vivez bien, ce retour?

Oui. Sinon je serais allé dans un pays plus exotique.

Comment avez-vous vécu l’accueil du vestiaire?

Quand tu arrives à 32  ans, ce n’est pas pareil. À 22  ans, en Premier League, j’avais besoin d’une sorte de copinage, c’était important pour moi à l’époque. Maintenant, je n’ai plus besoin de connaître des gens dans le vestiaire. Si personne ne me parle, ça ne me dérange pas plus que ça. Ceci dit, ça se passe bien à Metz, comme à Saint-Étienne. Ce sont deux groupes fantastiques.

Jouez-vous un rôle dans ce groupe?

Ce n’est pas mon truc. Dans ma carrière, j’ai vu des joueurs qui aimaient aboyer dans un vestiaire et qui n’étaient pas forcément forts sur le terrain. J’ai du mal à adhérer à ça. C’est comme en amour, ce sont les preuves qui comptent, pas les discours. Mieux vaut se taire et être fort sur un terrain.

Que vous inspire la ville?

J’ai connu pire.

En même temps, vous n’avez jamais vu de club ensoleillé…

J’ai fait 22  hivers dans le Nord. Le froid ne me dérange pas du tout.

Que souhaitez-vous apporter à Metz?

En dehors du terrain, rien. Je n’impose pas mon discours et je n’ai pas la prétention d’apporter quelque chose aux gens. Je n’ai pas envie de passer pour le vieux qui sait tout, qui a tout vécu. Footballistiquement, je peux apporter un état d’esprit qui n’est pas propre à la France. Cette culture de l’agressivité, par exemple.

C’est-à-dire?

En Angleterre, les clubs ont 30-40  joueurs. La bagarre est rude pour avoir sa place. Tu es toujours dans l’agressivité, l’engagement à l’entraînement. Cet état d’esprit, j’en ai mangé pendant dix ans. En France, question de mœurs, tu joues avec un frein. Tu peux moins aller au tampon, les arbitres sont plus à cran, ils n’ont pas la même approche.

Comment avez-vous vécu ce 0-7 contre Monaco?

J’ai déjà mis un 9-1, je n’avais jamais pris 7-0. Ça arrive dans le foot. Après, et ça n’engage que moi, si tu prends 7-0 contre des équipes qui sont en concurrence avec toi en fin de saison, oui, inquiète-toi! Monaco va gifler un bon nombre d’équipes et on ne va pas batailler avec eux en fin de saison. Après, le score n’est pas cool et ça peut poser problème au niveau du goal-average, mais tant qu’on gagne contre nos concurrents directs… Et puis, si on avait fait nul à Montpellier et contre Monaco, tout le monde serait content, mais on aurait moins de points aujourd’hui…

On prend du plaisir dans un match pareil?

J’en prendrai dans ma petite ville, à Saint-Nicolas-lès-Arras, avec mes amis. On ne me paie pas pour prendre du plaisir, mais pour gagner des matches. Monaco, j’étais sans pression. À 3-0, je ne pense pas que le coach me fait rentrer pour que je mette deux buts. Alors tu cours et tu fais de ton mieux.

Christian Jougleux (Le Républicain lorrain)