La police allemande a arrêté dans la nuit de dimanche à lundi le fugitif syrien soupçonné de préparer un attentat pour le compte de l’organisation Etat islamique après une chasse à l’homme de près de 48 heures qui a tenu en haleine tout le pays.
« Nous avons réussi, (nous sommes) vraiment ravis : l’homme soupçonné de terrorisme (Jaber) Albakr a été arrêté au cours de la nuit à Leipzig », en Saxe, dans l’est du pays, a déclaré la police sur Twitter. Il a été formellement identifié. L’homme de 22 ans avait trouvé refuge dans l’appartement d’un Syrien qu’il avait abordé dans la gare de Leipzig et à qui il avait demandé s’il pouvait l’héberger chez lui, rapporte le site internet de l’hebdomadaire der Spiegel.
Ce Syrien l’a invité chez lui mais a appelé les forces de l’ordre après avoir entendu qu’il s’agissait du fugitif recherché par toutes les polices du pays. Leipzig se trouve non loin de la ville de Chemnitz où résidait Jaber Albakr en tant que réfugié depuis plus d’un an et où des explosifs avaient été trouvés samedi dans le logement qu’il occupait. Les forces spéciales d’intervention de la police ont finalement trouvé le fugitif ligoté dans l’appartement de son hôte à Leipzig, selon le site du Spiegel.
Ce dernier doit être à présent transféré dans le courant de la journée à Karsruhe (ouest), siège du parquet fédéral allemand, compétent pour les affaires de terrorisme. Il devrait s’y voir notifier son inculpation et être écroué. Selon le parquet fédéral allemand, « tout indique que le suspect avait l’intention de commettre un attentat islamiste ». Selon plusieurs médias allemands, un aéroport ou une « plateforme de transport » étaient visés.
L’homme était en lien avec l’organisation Etat islamique qui l’avait formé à la fabrication et à l’utilisation d’explosif, selon certains médias. L’interpellation, qui est survenue vers une heure du matin, marque l’épilogue d’une course-poursuite qui a mobilisé les forces de l’ordre du pays pendant près de deux jours. Tout a commencé vendredi lorsque le renseignement intérieur allemand, qui surveillait Jaber Albakr depuis un moment, a conseillé à la police de Chemnitz, située à 260 km au sud de Berlin, de l’arrêter en raison d’un risque imminent de passage à l’acte.
Contrôles renforcés dans tout le pays
Les forces de l’ordre sont intervenues tôt samedi matin mais l’ont manqué de peu, l’homme parvenant à leur échapper. Elles ont en revanche découvert dans l’appartement qu’il occupait dans une HLM une importante quantité d’explosifs. Selon plusieurs médias allemands, il s’agit de 500 grammes de TATP, la substance prisée des jihadistes de l’EI, qui peut être fabriquée avec des produits disponibles dans le commerce. C’est cette substance qu’avaient utilisée les kamikazes des attentats de Paris (130 morts en novembre 2015) et de Bruxelles (32 morts en mars).
Environ un kilo de produits chimiques, ainsi que des détonateurs et des ustensiles pouvant servir à la fabrication de bombes tuyau ont aussi été saisis, selon la Süddeutsche Zeitung. Le locataire en titre de l’appartement, également syrien, a été inculpé pour complicité dans la préparation d’un attentat et écroué. Et dimanche, les forces d’intervention spéciale de la police ont interpellé un autre proche du suspect à Chemnitz, en cours d’interrogatoire.
Les contrôles de sécurité ont été renforcés au cours du week-end dans des aéroports et des gares, notamment dans la capitale Berlin. la police redoutait en effet que le fugitif ait emporté avec lui une partie de l’explosif car elle l’a vu samedi s’enfuir en portant un sac à dos. Le suspect est un demandeur d’asile arrivé illégalement en Allemagne en février 2015, soit plusieurs mois avant la grande vague de migrants de l’automne. L’homme a obtenu le statut de réfugié en juin de la même année.
L’Allemagne a connu en juillet deux attentats commis par des réfugiés et revendiqués par l’EI. Et plusieurs autres ont été déjoués ces derniers mois. Ces actes ont contribué à nourrir l’inquiétude dans l’opinion à l’égard des demandeurs d’asile et à placer la chancelière Angela Merkel sous pression.
Le Quotidien/afp