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À Heisdorf, une « école de la vie » pour les jeunes réfugiés


Les classes passerelles permettent aux jeunes demandeurs de protection internationale d'apprendre «un français pratique». (photo LQ)

Plus d’une centaine de demandeurs de protection internationale, âgés de 17 à 27 ans, suivent les cours des classes passerelles de Caritas, à Heisdorf. Des cours de français surtout, mais aussi de luxembourgeois, d’instruction culturelle et des ateliers artistiques… Les semaines sont chargées.

« ll s’appelle Robel. Il est couturier et il travaille du mardi matin au samedi matin…» Ce matin-là, à Heisdorf, la dizaine d’élèves de la classe passerelle numéro 2 ont cours de français avec Christine, professeur de «Français langue étrangère».

Au menu de la matinée, c’est présentation de soi et des autres. Dans la salle, Robel (22 ans, Érythrée), Ergys (18 ans, Albanie), Cabcoda (21 ans, Guinée-Bissau) et leurs camarades venant de Syrie, d’Irak, d’Afghanistan ou encore du Cap-Vert sont concentrés, motivés et participent énormément. «Je donne un cours de français pratique », souligne la professeur. « L’idée est de leur faire apprendre un français de tous les jours pour qu’ils puissent échanger avec les résidents du Grand-Duché.»

Français, maths, luxembourgeois…

Mises en place par Caritas en 2001, les classes passerelles sont au nombre de cinq (une à Strassen, deux à Heisdorf et deux à Mersch) et comptent cette année 105 élèves, qui ont tous fait leur rentrée fin septembre.

«Ces classes sont destinées aux jeunes demandeurs de protection internationale, âgés de 17 à 27 ans, qui ne peuvent plus intégrer le cursus scolaire normal », explique Cristina Lopes, responsable du service Form’actif de Caritas, en charge du projet des classes passerelles. « L’objectif de ces classes est d’apprendre le français aux jeunes, dans le but qu’ils puissent intégrer un cursus universitaire au Luxembourg, en France ou en Belgique ou alors une formation professionnelle ou même directement le marché du travail.»

Les cinq classes passerelles de Caritas permettent aux demandeurs de protection internationale de 17 à 27 ans d'apprendre le français. Mais pas seulement. (photo LQ)

Les cinq classes passerelles de Caritas permettent aux demandeurs de
protection internationale de 17 à 27 ans d’apprendre le français. Mais pas seulement. (photo LQ)

Le programme de chaque classe est chargé. Les élèves ont cours tous les jours de 10 h à 12 h 30 et de 13 h à 15 h. Essentiellement des séances de français, mais aussi de luxembourgeois, d’instruction culturelle luxembourgeoise, d’informatique, de mathématiques ou encore des ateliers artistiques.

«Le premier objectif est d’apprendre le français pour que les élèves puissent passer les tests de niveau A2 à la fin de la première année, B1 voire B2 à la fin de la deuxième année, indique Cristina Lopes. Mais on diversifie les cours pour qu’ils puissent aussi acquérir d’autres compétences.» Et les élèves, qui se sont tous inscrits de manière volontaire à ces cours, apprécient la formule et pensent déjà à l’avenir.

«Je suis ici pour apprendre le français, dit Robel (22 ans) en toute simplicité et avec un pragmatisme certain. J’aimerais bien intégrer l’université un peu plus tard. Je voudrais devenir couturier styliste.» Ergys souligne quant à lui qu’il «travaille déjà dans un restaurant» et qu’il «aimerait devenir cuisinier». De son côté, Cabcoda «rêve de devenir mannequin».

«L’école de la vie»

Mais les classes passerelles, ce ne sont pas seulement les cours. «Ce n’est pas une classe comme les autres, c’est l’école de la vie, affirme Christine, la professeur. Nous ne sommes pas très nombreux (NDLR : maximum 15 par classe), on mange aussi ensemble à midi. Tout cela permet de faciliter les échanges entre eux et avec nous. On crée un petit cocon dans lequel tout le monde se sent à l’aise.»

De son côté, Cristina Lopes ne se contente pas simplement de dispatcher les élèves dans les cinq classes passerelles selon leur niveau en français, établi en début d’année scolaire à la suite d’un test. La responsable du service Form’actif de Caritas effectue également «un suivi social» avec chaque élève. «Je suis aussi là pour les accompagner dans leur quotidien pour des questions de logement, administratives ou alors pour des problèmes familiaux, confie l’éducatrice sociale de formation. Je reçois chaque élève au moins trois fois par année scolaire pour l’orienter au mieux. Nous allons plus loin que l’école.»

Et les résultats sont là. «Aux tests de français de l’INL (l’Institut national des langues), nous inscrivons les élèves qui ont un taux de 85 % de présence aux cours pendant l’année scolaire, indique Cristina Lopes. Au final, nous avons un taux de réussite d’environ 85 % chaque année.» Et après? «Nous restons en contact avec beaucoup d’anciens élèves, répond la responsable. Beaucoup d’entre eux trouvent un travail au Grand-Duché. Certains sont devenus vendeurs, cuisiniers, serveurs, orfèvres, architectes… Il y a de tout. Mais l’essentiel est qu’ils se soient totalement intégrés.»

Guillaume Chassaing

Intensif et accéléré

De nouveaux élèves vont faire leur rentrée ce lundi 10 octobre dans la classe passerelle « intensive et accélérée ».

« C’est une nouveauté cette année , indique Cristina Lopes, responsable du service Form’actif. Cette classe est destinée aux jeunes qui au moins décroché le bac dans leur pays d’origine. L’objectif est de les emmener au test de niveau B2 en français, qui se déroule en décembre. »

Ils devraient être une quinzaine de jeunes à prendre part à cette classe passerelle de français intensive et accélérée.