Depuis fin août, une centaine de migrants s’entassent chaque semaine à Metz dans des conditions déplorables. Une situation, devenue récurrente depuis 2012, qui pose question.
Pourquoi Metz ?
Région frontalière par excellence, la Lorraine est en première ligne. Mais si l’essentiel des flux se concentre sur Metz, c’est parce que la ville est la seule de Lorraine à abriter en préfecture un guichet d’enregistrement des demandes d’asile. Les passeurs le savent. Comme ils savent que la question de l’hébergement se résout en général à l’approche de l’hiver. D’où l’afflux massif constaté depuis fin août avec l’arrivée d’environ cent migrants par semaine. Il existe trois autres guichets en région Grand-Est : deux en Alsace et un en Champagne-Ardenne.
Pourquoi l’hébergement est-il si long ?
Une fois enregistrés, les demandeurs d’asile doivent bénéficier d’un hébergement. C’est la loi. Et cela durant toute la durée de l’instruction de leur dossier. Mais entre la théorie et la pratique, le fossé ne cesse de se creuser. En Moselle, les 4 200 places sont toutes occupées. Et même si le turn-over est permanent, le temps très long d’instruction des dossiers ne permet pas d’absorber les flux massifs. Des solutions d’urgence, avec la mobilisation de chambres d’hôtel, sont parfois utilisées pour loger les plus vulnérables. Mais la solution pourrait plutôt provenir d’une meilleure solidarité géographique. La préfecture de la Région travaille à l’élaboration d’un schéma pour le Grand-Est. En attendant, les associations exigent la mise en place d’un centre de premier accueil décent à Metz.
De quelles aides bénéficient-ils ?
Un demandeur d’asile n’est pas autorisé à travailler avant un délai de 9 mois. Les majeurs peuvent bénéficier d’une allocation pour demandeur d’asile (Ada). Le montant est calculé en fonction de la composition familiale, des ressources et du mode d’hébergement. Il est de 6,8 € par jour pour une personne seule, 10,2 € pour un couple, 13,6 € pour une famille de trois, 17 € pour une famille de quatre, 20,4 € pour une famille de cinq et 23,8 € pour une famille de six. Les demandeurs d’asile ont aussi accès aux soins et à la scolarisation des enfants.
D’où viennent les migrants messins ?
Ils proviennent à 70 % des Balkans (Kosovo, Albanie, Serbie, Monténégro et Macédoine). On compte aussi 6 % d’Afghans.
Ont-ils des chances d’obtenir l’asile ?
Entre 20 et 30 % des demandeurs d’asile en France obtiennent satisfaction. Mais les chances sont maigres pour ceux de Metz car ils proviennent essentiellement de pays dits sûrs et ne sont pas considérés comme des réfugiés politiques. L’Ofpra (Office français de protection des réfugiés et apatrides) examine cependant chaque dossier. Environ 10 % des demandeurs provenant de pays dits sûrs obtiennent ainsi la protection internationale. Conformément à l’accord de Dublin, ceux qui ont déjà déposé une demande dans un autre pays de l’UE doivent la faire instruire là-bas. Ce serait le cas d’un tiers des migrants messins. Leur renvoi est en cours de planification.
Quelle est la durée d’instruction ?
La préfecture ne communique plus de durée mais elle est beaucoup trop longue. Avec sa réforme du droit d’asile de l’été 2015, Manuel Valls ambitionnait un traitement en 9 mois au lieu de 19. La réalité semble encore plus proche du second chiffre. Afin d’accélérer le traitement des dossiers messins, l’Ofpra a dépêché sur place des agents durant quinze jours.
Combien ça coûte ?
La préfecture de Moselle n’a pas souhaité communiquer le budget consacré dans son département à l’hébergement des demandeurs d’asile et des personnes issues de la demande d’asile. Mais il était de 17 M€ en 2014, 11 M€ en 2013 et 9,4 M€ en 2012.
Ph. M. (Le Républicain Lorrain)