Luxembourg — Un trio de policiers d’Esch-sur-Alzette a été condamné en première instance pour avoir laissé faire des actes de proxénétisme.
Ces trois policiers du centre d’intervention de la police d’Esch-sur-Alzette passaient régulièrement une partie de leur service de nuit au comptoir d’un cabaret à la frontière à Esch-sur-Alzette. Ils y consommaient gratuitement diverses boissons. En contrepartie, ils dénonçaient au souteneur les contrôles de police ou de la douane pour permettre à celui-ci d’échapper à toute répression.
La XIIe chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg avait rendu son jugement le 15 juillet 2014. Elle avait condamné un policier et une policière à un an de prison avec sursis et une amende de 1 500 euros. Le troisième avait écopé de 18 mois de réclusion, dont 12 avec sursis ainsi que d’une amende de 2 000 euros.
On leur reproche, entre autres, l’entrave à la justice et complicité d’actes de proxénétisme dans un cabaret rue d’Audun à Esch-sur-Alzette. C’est entre juillet 2010 et décembre 2012, que le souteneur aurait exploité des femmes dans le cabaret et les policiers auraient laissé faire.
Sur les trois policiers, uniquement les deux policiers condamnés à un an de prison avec sursis ont fait appel. Suspendus depuis le jugement en première instance, ils espèrent ainsi « sauver leur travail ». Parallèlement à la peine de réclusion et l’amende, les policiers se voient interdits pendant une durée de cinq ans des droits énumérés à l’article 11 du code pénal. Ils n’ont ainsi pas le droit de travailler dans la fonction publique. Le troisième prévenu, quant à lui, se retrouve devant la Cour d’appel, car le parquet le souhaite ainsi.
« Il s’agit juste de sauver son travail »
Devant les juges de la Cour d’appel, les trois prévenus ont expliqué, hier, qu’ils ne faisaient rien d’autre que ce qu’ils avaient appris. Leurs déclarations vont toutes dans la même direction : « Manquer lors du service de nuit était tout à fait normal à l’époque à Esch-sur-Alzette. » « On a fait ce que les agents plus anciens faisaient également. » « Ce n’est pas bien ce qu’on a fait, mais nous n’étions pas les seuls. »
L’un des prévenus a par ailleurs qualifié d’ « amical » le fait d’avoir conseillé de fermer à temps le soir d’une descente de la police.
Dans sa plaidoirie, Me Philippe Penning, l’avocat à la défense de ce policier aujourd’hui suspendu a justifié l’appel ainsi : « Il s’agit juste de sauver son travail. » Et il a plaidé pour le retrait de la peine de l’interdiction des droits. Me Penning a également mis en évidence qu’il n’était pas clair, au moment des faits, qui aurait dû contrôler la prostitution dans les cabarets, en particulier à Esch-sur-Alzette.
La plaidoirie de Me Claudia Monti rejoint celle de son confrère. La policière qu’elle défend n’aurait pas eu d’intérêts dans cette affaire. Elle n’aurait pas non plus pu omettre d’informations, car elle n’en avait pas. Le procès se poursuit vendredi matin avec la fin des plaidoiries ainsi que le réquisitoire de l’avocat général.
Fabienne Armborst