Chris Philipps empile les bonnes prestations tandis que le club stagne. Une situation compliquée mais moins traumatisante que la mise au placard du début de saison.
Chris Philipps a pris une nouvelle dimension en seulement un mois et demi. (Photo : AFP)
> Vous jouez enfin mais Metz gagne toujours aussi peu. Quel sentiment l’emporte chez vous ?
Chris Philipps : J’ai l’air d’avoir les deux pieds dedans. Oui, la situation a bien changé. En positif, je veux dire. En plus, je suis de mieux en mieux dans mes matches. Mais au niveau émotions, c’est complexe parce que l’équipe est dans le dur. Au niveau de mes rencontres et de leur contenu, je n’ai pas trop de regrets mais il est difficile de prendre du plaisir dans ces conditions. Parce qu’après tout, j’ai choisi un sport collectif…
> Difficile d’éprouver du plaisir quand on n’a pas encore connu la victoire et encore moins la joie de célébrer un but ?
À Reims, pourtant, il y avait de la place. Mais non, effectivement, je n’ai toujours pas gagné et on n’a toujours pas marqué avec moi. C’est surtout un manque de confiance généralisé. Mais après des matches durant lesquels on a été inexistants, contre Reims, cela a changé. On a vu la différence. C’est pour ça que je ne m’inquiète pas. Dès qu’on prendra trois points, notre situation va vite se débloquer.
> Revenons à vous : à Reims, Albert Cartier a remis son 4-1-4-1 au goût du jour. Le système qui vous correspond. Pour vous? Ou juste parce que vous aviez le profil qui correspondait le mieux à un système qu’il aurait joué de toute façon ?
Les autres sont plus des relayeurs ou des gars qui vont au duel. Moi, je parviens à être sentinelle et rampe de lancement. Ce sont mes qualités. Être seul entre les deux lignes de quatre, ça me rajoute des responsabilités parce que je dois guider les autres. Je dois me montrer reconnaissant envers le coach pour cela.
> Comme par hasard, le retour à ce système a marqué, dimanche, le meilleur match messin depuis longtemps…
Il y a plein de garçons qui sont arrivés ou rentrés et qui nous font du bien. Doukouré, Maïga, Sassi… Ce n’est pas forcément lié au système, qu’on a mis en place aussi pour contrer Reims. Je ne sais pas si ce sera reconduit face à Évian. Même si le coach pourrait remettre exactement les mêmes sans crainte…
> Le journal L’Équipe vous encense (voir ci-contre) depuis vos débuts…
Cela me donne une idée de ce que j’ai pu montrer vu de l’extérieur. Même si ça compte moins que l’avis du staff, même si chacun a son point de vue, c’est agréable de voir qu’on parle de moi ainsi. On a souvent dit que j’avais des débuts difficiles mais bon, à 20 ans, je n’ai pas raté grand-chose non plus. J’ai juste trébuché à certains moments. Alors ça fait du bien à mon entourage et à ma carrière, ces notes. Cela me montre. Et on me fera peut-être plus facilement confiance…
> C’est déjà le cas, non ?
Je ne suis pas un cadre, loin de là, mais effectivement, j’ai pris plus d’importance dans le groupe. Attention, je répète : dans le groupe, pas dans l’équipe. Je ressens plus de confiance de mes partenaires et cela, ça ne s’acquiert qu’en jouant. Quand il y a des discussions, on me demande plus mon avis. Et j’avoue que le matin, en arrivant au stade, je n’ai plus le même sentiment qu’avant. J’ai enfin l’impression de faire partie du groupe et ces deux dernières années, cela m’avait manqué.
> Du coup, vous risquez de faire plus que les six titularisations auxquelles Albert Cartier vous destinait au mois de septembre.
Moi, au début, je m’étais fixé sur cette interview (NDLR : LQ du 6 septembre). Et puis, dans la foulée, les quatre ou cinq mois suivants m’ont fait comprendre que ce ne serait pas ainsi. Alors merci la CAN. Maintenant que tout le monde est revenu, je me dis que ce que j’ai montré à cette occasion ne devait pas être si mal pour être encore titulaire à Reims.
> La coupure internationale de mars peut-elle vous desservir en ce sens qu’Albert Cartier ne vous verra pas pendant deux semaines ?
La sélection, jusque-là, m’a toujours fait beaucoup de bien, alors je ne vais pas m’en plaindre maintenant. Cela me fera même peut-être du bien de sortir de ce contexte un peu négatif du moment autour du club.
> Et inversement, votre situation en club vous permettra-t-elle de reconquérir une place de titulaire chez les Roud Léiwen ?
J’espère ! Après, il n’y a pas de logique qui veut que je reprenne une place : les trois qui ont joué à mon poste ces derniers temps ont toujours été bons. C’est comme ça, c’est comme ça… Là, je me concentre sur ce que je vis. Je prends du plaisir sur le terrain. Ce serait bien qu’on prenne treize points sur les cinq prochains matches, contre quatre de nos concurrents directs. Si on veut se maintenir, il faudra qu’on gagne tous nos matches à la maison, on n’a plus le choix !
De notre journaliste Julien Mollereau